Gazprom suspend ses livraisons à l’Ukraine, les approvisionnements de l’Europe “pas en danger”

Une installation de Gazprom à Novoprtovskoye en Sibérie. © BELGAIMAGE/Andrey Golovanov

Le géant russe Gazprom a confirmé mercredi l’arrêt de ses livraisons de gaz à l’Ukraine, faisant suite à l’annonce la veille par Kiev de la suspension de tous ses achats de gaz à la Russie après l’échec de négociations sur les prix.

“L’Ukraine n’a pas payé pour ses livraisons de gaz pour juillet. A partir de 10 heures du matin le 1er juillet, les livraisons de gaz de Gazprom à l’Ukraine sont arrêtées. Gazprom ne livrera pas de gaz à l’Ukraine – quel que soit le prix – sans prépaiement”, a déclaré le PDG de Gazprom, Alexeï Miller, dans un communiqué.

Cet arrêt des livraisons ne devrait toutefois pas sérieusement menacer l’approvisionnement en gaz russe de l’Union européenne, dont près de la moitié transite par le territoire ukrainien. La compagnie publique ukrainienne Naftogaz a promis mardi dans un communiqué qu’elle continuerait à assurer en totalité le transit du gaz russe vers les autres clients européens.

L’accord sur les livraisons de gaz russe à l’Ukraine a expiré mardi sans qu’un accord sur les prix ait été trouvé avec Gazprom lors de négociations à Vienne auxquelles participait également l’UE.

Gazprom et Naftogaz sont engagés dans un bras de fer depuis l’arrivée d’un gouvernement pro-occidental à Kiev début 2014 et les tensions avec Moscou dans l’est ukrainien, contrôlé par des séparatistes prorusses.

Moscou a augmenté le prix du gaz livré à son voisin, qui refuse de payer, comptant de plus en plus sur des livraisons de gaz provenant d’Europe centrale et de Norvège.

Gazprom estime pour sa part que ces livraisons sont souvent illégales parce qu’elles peuvent porter sur du gaz venant initialement de Russie, qui est ensuite revendu à l’Ukraine par d’autres pays européens.

Le bras de fer énergétique entre Moscou et Kiev fait néanmoins craindre des perturbations des livraisons de gaz russe vers l’Union européenne, comme ce fut le cas pendant les précédentes “guerres du gaz” en 2006 et 2009. Un risque que la Commission européenne a directement minimisé mercredi. Elle a ainsi assuré que les approvisionnements en gaz de l’Europe ne seraient “pas en danger” l’hiver prochain.

Les réserves actuelles de l’Ukraine peuvent être complétées avec des achats à d’autres fournisseurs que le russe Gazprom et “il y a eu un engagement clair du côté ukrainien et russe de faire en sorte que le transit vers l’Europe continuera d’une façon fluide et ininterrompue”, a déclaré le Commissaire européen chargé de l’Energie, Maros Sefkovic, lors d’une conférence de presse à Bruxelles.

Les approvisionnements de l’Europe “pas en danger”

L’Ukraine dispose actuellement de 12 milliards de mètres cubes de gaz, or la Commission estime qu’il lui en faudrait 19 pour “s’assurer que la saison hivernale commence de façon appropriée”, en octobre. Il reste donc trois mois à l’Ukraine pour compléter ses réserves, et cela peut très bien se faire à l’aide de “flux inversés”, c’est-à-dire en achetant du gaz à d’autres fournisseurs européens et grâce à “l’extraction domestique” de gaz en Ukraine, a expliqué M. Sefkovic.

“Il existe des mécanismes solides de flux inversés et nous sommes mieux préparés aux problèmes sur les approvisionnements en énergie”, a-t-il ajouté, alors que l’UE est très dépendante de la situation en Ukraine, par laquelle transite un tiers de ses achats à Gazprom.

Le commissaire européen a toutefois reconnu que les discussions à Vienne mardi avec les ministres russe Alexandre Novak et ukrainien Volodymyr Demtchichine, ainsi que les patrons de Gazprom et de la compagnie ukrainienne Naftogaz, avaient été “difficiles”. Les pourparlers reprendront au niveau des experts fin août et la Commission européenne espère convoquer une nouvelle rencontre ministérielle en septembre, a-t-il ajouté.

L’Union européenne souhaite un accord “qui couvre au moins la période de l’hiver, jusqu’à fin mars” 2016.

Un tel “paquet hiver” a permis de traverser l’hiver dernier sans accroc majeur. Il avait été conclu en octobre 2014 via une médiation européenne, après que Moscou eut provisoirement coupé le gaz à Kiev sur fond de conflit séparatiste dans l’Est de l’Ukraine.

L’accord 2014-2015 expirait le 30 juin.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content