Exclu : Quitter Lampiris sans frais

Libéré du poids de sa fédération, le fournisseur d’énergie veut faire bouger la concurrence en supprimant les frais de rupture de contrat. Les autres fournisseurs vont-ils emboîter le pas, au risque de se priver d’une manne qui pèse quelques millions d’euros ?

C’est un nouveau coup marketing que prépare la société liégeoise Lampiris. Exempté du poids de la Fédération belge des entreprises électriques et gazières (Febeg) suite à son départ avec fracas (lire Trends-Tendances du 18 août) et cherchant à renforcer son image de “poil à gratter” dans un secteur sclérosé en termes d’innovation, le fournisseur d’énergie verte va lancer une nouvelle offre commerciale. Dans une note interne, Lampiris dévoile sa formule où “chacun est libre d’entrer et de sortir sans frais”. Autrement dit : le fournisseur met fin aux indemnités de rupture de contrats. Une première ! Limitée aux nouveaux contrats signés entre le 19 septembre (date du lancement de l’offre commerciale) et le 31 décembre pour les contrats “prix fixes et indexés”, cette action pourrait se poursuivre en cas de succès mais uniquement sur les contrats “prix indexés”.

Avec cette formule, Lampiris parviendra-t-elle à chambouler le marché et faire tâche d’huile ? A voir car il en faudrait sans doute plus redistribuer les cartes de libéralisation énergétique. Pour l’heure, la libéralisation du marché de l’énergie (il y a huit ans en Flandre et quatre ans en Wallonie et à Bruxelles) profite toujours aux opérateurs historiques tels qu’Electrabel et Luminus. Ensemble, ils possèdent encore entre 70 à 85 % du marché de l’électricité et jusqu’à 96 % du marché du gaz. Et tant en Wallonie qu’à Bruxelles, ce sont encore plus de 30 % des foyers qui sont alimentés par leur fournisseur par défaut. Dès lors, dire que la libéralisation ne convainc pas (encore) le consommateur est un euphémisme. Bien que les conditions ont été adoucies et simplifiées pour passer d’un fournisseur à un autre et qu’un travail de communication sur les tarifs est encore à faire auprès du grand public, le changement de son fournisseur d’énergie pourrait être conditionné par un autre paramètre : les frais de rupture de contrat. C’est du moins ce que pense Lampiris.

Il est vrai qu’il n’est pas toujours commode d’éviter les amendes. Les cas de figure sont nombreux : les familles recomposées qui décident de partager une nouvelle habitation commune libérant ainsi une maison ou un appartement ; les personnes qui vendent leur bien pour acquérir une nouvelle résidence ; une mission longue durée à l’étranger ; les couples qui libèrent leurs appartements respectifs pour s’installer ensemble dans leur nouveau nid, etc. Autant de ruptures de contrat de fourniture d’énergie _ électricité et gaz naturel _ qui entraînent des amendes qui s’élèvent à 50 euros, si la rupture a lieu dans les six mois qui précèdent la fin du contrat, et 75 euros, si la rupture a lieu avant les six mois de la date de fin du contrat.

Chez Lampiris par exemple, les indemnités de départs facturées représentent 350.000 euros par an, soit 1 % du chiffre d’affaires attendu en 2011. Du côté d’Electrabel, ces amendes représentent 0,08 % du chiffre d’affaires, soit près de 5 millions d’euros. Contacté par nos soins, le deuxième acteur du marché belge de l’énergie Luminus n’a pas fait de commentaire à ce sujet.

Si la Creg et la Febeg confessent n’avoir jamais chiffré le montant total de ces indemnités, on peut estimer, très grossièrement, que les indemnités de rupture rapporteraient entre 6 et 9 millions d’euros tous fournisseurs d’énergie confondus.

Valéry Halloy

Lire la suite dans le Trends-Tendances de ce jeudi 8 septembre

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