Eco-chèques : une “fin sans regrets”, vraiment ?
Les éco-chèques seraient voués à une disparition proche. “Sans regrets”, résume l’UCM, pour qui “il est temps de mettre fin à un système inventé dans l’urgence, qui a révélé plus de failles que prévu”. Edenred, l’une des deux sociétés émettrices, s’étonne.
Le système des éco-chèques, mis en place en 2009 pour compenser une relative modération des salaires, vivrait ses dernières heures : un arrêté royal, publié le 10 février, permet en effet aux employeurs de les remplacer par des chèques-repas, rapporte L’Echo jeudi.
Sur les 53 commissions paritaires qui imposaient initialement les éco-chèques, 24 ont abandonné le système, peu pratique et trop onéreux selon les patrons. Ils étaient également détournés de leur objectif premier car ils servaient à acheter des produits qui n’avaient rien de durable.
Désormais, les entreprises pourront remplacer les éco-chèques par des chèques-repas.
“La fin des éco-chèques : sans regrets !”, selon l’UCM
L’UCM se félicite dans un communiqué qu’un arrêté royal autorise les employeurs qui distribuent encore des éco-chèques à les remplacer par des titres-repas. “Il est temps de mettre fin à un système inventé dans l’urgence, qui a révélé plus de failles que prévu, résume l’Union des classes moyennes. Ni les entreprises, ni les commerçants, ni les salariés ne regretteront les éco-chèques.”
Les éco-chèques auraient “pu ou dû” disparaître en 2011 “mais certains secteurs ont concédé des prolongations, rappelle la fédération. Il reste 29 commissions paritaires, sur 53 au départ, qui imposent l’octroi d’éco-chèques. Aucune commission paritaire nouvelle n’a été séduite par le système, qui va à l’encontre de la simplification administrative et coûte cher.”
La raison ? “Pour les entreprises et en particulier les petites, les frais sont élevés : 7 % de la valeur faciale du chèque, plus des frais fixes. Quand on emploie moins de dix personnes, le surcoût dépasse 10 % et peut atteindre 40 %. Pour les commerçants, c’est aussi très cher (5 % du montant à ristourner aux sociétés émettrices) et c’est surtout un casse-tête à gérer dans l’affichage, l’information et les calculs.”
Plus encore, si les salariés “apprécient bien entendu de recevoir du pouvoir d’achat”, “la forme ne les séduit pas. Des éco-chèques ont été échangés à 90 % de leur valeur faciale sur l’Internet. Enfin, le comportement d’achat n’a pas été modifié. Même si les commerçants ont joué le jeu (moins de 3 % des commerces ont accepté indûment des éco-chèques), il n’y a pas eu de déplacement visible des achats vers des produits durables. Forcément : un ménage dépense 2.625 euros par an pour des produits et services payables avec des éco-chèques !”
“Les éco-chèques ne vivent pas leurs dernières heures”, selon Edenred
Edenred, l’une des deux sociétés émettrices d’éco-chèques en Belgique, constate une hausse des émissions d’éco-chèques en ce début d’année 2012. Les éco-chèques ne vivent donc pas leurs dernières heures, estime l’entreprise.
“Malgré l’arrêté royal qui permet de remplacer les éco-chèques par des chèques-repas, nous constatons, sur les quatre premiers mois de 2012, une hausse du volume d’émission d’éco-chèques de près de 30 % par rapport à la même période de 2011, précise Fanny Charpentier, porte-parole d’Edenred. Le nombre de commandes n’a pas été affecté, que du contraire.”
La société émettrice tient également à contredire l’affirmation selon laquelle les éco-chèques seraient utilisés pour acheter d’autres produits que ceux autorisés par le système : “Il y a bien eu quelques maladies de jeunesse au début mais trois vagues de contrôles ont été menées fin 2010 et en 2011. A la fin des contrôles, les problèmes concernaient moins de 2% des magasins. On voit que les éco-chèques sont utilisés de manière correcte.”
Edenred souligne enfin que, selon une étude de la société C02logic, l’utilisation d’éco-chèques permet d’éviter annuellement l’émission d’environ 40.000 tonnes de CO2.
Trends.be, avec Belga
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