Distribution : le commerce voit son avenir en noir

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Sale temps pour les distributeurs belges. Baisse de la consommation, marges rabotées, récession en vue… le secteur du commerce ne crée plus d’emplois, prévient Comeos. Pire, il pourrait supprimer des milliers d’emplois si la TVA passe de 21 à 22 %.

En procurant du travail à quelque 400.000 personnes, le secteur du commerce est le plus grand employeur du secteur privé. Fin 2011, dans un dossier sur les secteurs recrutant le plus réalisé par le magazine Références, la distribution occupait toujours la première place avec près de 3.000 engagements programmés. Dix mois plus tard, le tableau a viré au noir. Selon Dominique Michel, l’administrateur délégué de Comeos, la fédération du commerce et des services, le secteur pourrait achever l’année en récession et ne pas créer d’emploi. “C’est la première fois depuis la crise de 2008, affirme-t-il, que l’on connaît un tel ralentissement. Nous n’aurons pas de créations nettes d’emploi dans le secteur alors qu’en moyenne nous créons entre 3.000 et 4.000 postes par an.”

Autant d’emplois supprimés qu’à Ford Genk ? Pire. Cette situation pourrait s’aggraver, avertit le porte-voix des commerçants, si la hausse de la TVA actuellement envisagée par le gouvernement Di Rupo dans le cadre de la confection du budget 2013 se concrétise. “Selon une étude sur l’impact d’une majoration du taux de TVA de 1 % (de 21 à 22 %) que nous avons commandée à notre consultant Arthur D. Little, 5.400 emplois seraient menacés dans le seul secteur du commerce”, explique Dominique Michel. C’est que notre taux actuel de TVA est déjà plus élevé que celui en vigueur en France (19,6 %), en Allemagne (19 %) et, jusqu’il y a peu, aux Pays-Bas. Nos voisins du Nord viennent, en effet, de le relever de 19 à 21 %. Et la combinaison de ce handicap avec notamment des coûts salariaux supérieurs à ceux de nos pays voisins, est responsable, selon Comeos, d’un manque à gagner pour les distributeurs belges de 2,5 milliards d’euros par an. Passer à un taux de 22 % risquerait dès lors d’aggraver encore l’écart compétitif avec les magasins français, néerlandais et allemands, et de booster davantage les achats transfrontaliers.

L’exemple allemand

Dans ce contexte, pour éviter de perdre des parts de marché supplémentaires, nos distributeurs prendraient à leur charge une partie ou tout de la hausse de la taxe et raboteraient leurs marges. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé en Allemagne, quand le gouvernement d’Angela Merkel a décidé d’augmenter en 2007 son taux de TVA de 16 à 19 % pour réduire son déficit. Selon l’institut des statistiques européennes Eurostat, les données montrent que les prix ont considérablement augmenté dans un premier temps. Mais ces effets n’ont pas duré et la baisse de la consommation n’a été que temporaire car les entreprises de distribution ont réduit leurs marges plutôt que de majorer les prix dans leurs rayons.

Cela ne consolera sans doute pas Comeos. Mais le gouvernement français envisage aussi d’augmenter son taux de TVA en le portant de 19,6 à… 20 %.

Sandrine Vandendooren

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