“Des avancées nécessaires pour poursuivre la croissance des start-up belges”

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La Belgique est bien placée et recèle de grandes opportunités en matière de start-up, mais des avancées sont encore nécessaires, notamment concernant leur financement, pour que cette croissance se poursuive et se renforce, estime Eugenia Forcat, directrice des opérations (COO) de Co.Station, le leader en Belgique des espaces de travail dédiés aux start-up.

Co.Station existe, dans sa forme actuelle, depuis un an et demi, lorsque BNP Paribas Fortis et SocialCom ont repris le précédent projet en faillite. Les partenaires ont voulu, au-delà d’un espace d’accueil pour les start-up, amener d’autres services destinés au monde digital et aux scale-up, soit des structures qui disposent d’un produit ou service identifié sur un marché et de capacités de financement suffisantes pour développer leur activité, explique Mme Forcat.

Le premier objectif était d’aider les entreprises à grandir, à innover et leur donner accès à un réseau d’investisseurs. Une académie pour partager des connaissances, développer des compétences et créer des ponts entre les sociétés innovantes et celles plus établies a été mise en place.

D’autres grandes entreprises ont rejoint Co.Station, comme Orange, SD Worx, USG People et Solvus. Pour elles, l’intérêt est de tisser un lien avec la digitalisation, qui représente 5,2% du PIB de la Belgique et dont le taux de croissance annuel atteindra 12,3% d’ici à 2020, soit bien plus que la moyenne européenne (8,2%), selon une étude du Boston Consulting Group (BCG). “C’est du win-win”, poursuit la directrice. Cela peut se traduire par des investissements directs dans les sociétés innovantes, dont elles peuvent aussi devenir fournisseurs. Et cela permet à ces entreprises d’apprendre de nouvelles méthodes issues du monde des start-up.

Les utilisateurs de ce type d’espace y voient aussi de nombreux avantages. Ceux qui reviennent le plus dans la dernière enquête du réseau CoWallonia, qui regroupe huit espaces du sud du pays, sont la productivité, l’apprentissage de nouvelles compétences et le développement du réseau professionnel.

Au sein de l’académie de Co.Station, l’un des sujets régulièrement abordés est la question de l’échec, une préoccupation centrale pour de nombreux jeunes entrepreneurs. Ceux-ci déplorent souvent qu’en Europe, un projet qui n’aboutit pas est de nature à rendre les investisseurs très frileux pour de nouvelles tentatives, contrairement à la vision américaine où c’est davantage perçu comme une expérience qui recèle des aspects positifs pour la suite. Ce que confirme Eugenia Forcat. “La peur de l’échec en Europe est contraire à la ‘démarche start-up’. Echouer est une façon d’apprendre. De plus en plus de conférences sur ce thème sont organisées en Belgique afin de faire changer les mentalités.” Il y a aussi plus de réflexion sur la gestion des risques, pour apprendre tout en minimisant les conséquences d’un éventuel échec.

Avec 6.000 m2 d’espace, Co.Station est le leader en Belgique, où l’on compte au total quelque 4.000 start-up et scale-up pour environ 50.000 emplois. L’entreprise revendique une “communauté” de 800 sociétés, qui comprend également des investisseurs et des facilitateurs. Parmi ces sociétés, une quarantaine sont résidentes à Bruxelles, où la capacité vient d’être augmentée d’un tiers et portée à 4.000 m2, et une dizaine à Gand, dans un espace de 2.000 m2 inauguré fin septembre. La cité d’Artevelde compte de manière générale une proportion plus élevée de scale-up – plus d’un quart du total belge -, dont la croissance est par ailleurs moins exponentielle que celle des start-up, qui sont elles davantage représentées dans la capitale, détaille Mme Forcat.

Les start-up et scale-up belges sont majoritairement actives dans le B2B (68%) et dans les secteurs de la santé, de la manufacture et de la publicité, selon une étude du centre collectif de l’industrie technologique Sirris.

Pour que la croissance se poursuive et ne pas perdre le bénéfice des efforts déjà consentis, l’investissement doit s’améliorer, recommande Eugenia Forcat. La digitalisation est une réalité qui change l’économie mondiale. Et la Belgique figure parmi les potentiels leaders en la matière, selon le BCG. “L’opportunité est importante, mais pour en profiter pleinement, il faut que plusieurs phénomènes se concrétisent. Tout d’abord, un accès libre pour la Belgique à davantage de marchés. A ce titre, le marché unique numérique européen doit devenir une réalité. Il faut aussi plus d’initiatives pour aider au financement, main dans la main avec les sociétés existantes. Enfin, il faut une réflexion sur ce qui peut être fait pour que les projets qui arrivent sur le marché soient plus mûrs, ce qui n’est pas assez souvent le cas”, regrette Mme Forcat.

Le constat est partagé par la fédération de l’industrie technologique, qui souligne par ailleurs que, si un tiers des nouvelles entreprises technologiques sont créées dans la capitale, celles-ci ont également plus de difficultés à poursuivre leur croissance. Seulement 30% des entreprises technologiques bruxelloises deviennent des scale-up et 16% cessent leurs activités, pour respectivement 37 et 8% dans le reste du pays. Agoria Bruxelles plaide dès lors pour un fonds de soutien numérique public-privé pour aider les projets prometteurs et davantage d’investissement dans l’accompagnement technologique de la part de la Région.

Co.Station, qui est l’un des 29 espaces de co-working recensés par le Centre d’informatique pour la Région bruxelloise, organise justement un événement jeudi soir en présence de la secrétaire d’Etat bruxelloise en charge de l’Informatique et de la Transition numérique Bianca Debaets. L’entreprise est en cours de développement de projets pour 2017, à Liège, Charleroi, Louvain et en Anvers.

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