Deminor s’attaque au roi de l’éolienne Vestas

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Deminor envisage une action contre Vestas, le premier fabricant mondial d’éoliennes. La société de conseil aux investisseurs l’accuse d’avoir trompé ses actionnaires dans sa communication financière.

Les actionnaires de l’entreprise danoise Vestas ont eu une mauvaise surprise en octobre 2010. L’entreprise, qui équipe 12,5 % du marché mondial de l’éolien, avait reconnu avoir mal appliqué une nouvelle règle comptable en application dans l’Union européenne, sur la reconnaissance des revenus. Du coup, l’entreprise a dû publier des comptes corrigés en augmentant le chiffre d’affaires des neuf premiers mois de 2010 de 3,484 à 3,797 milliards d’euros, les fonds propres se voyant réduits de 739 millions d’euros et les prévisions pour 2011 s’en trouvant fort perturbées.

Ce virage comptable a entraîné une baisse du titre. “Il a tout de suite chuté de 23 %”, déclare Erik Bomans, managing partner de Deminor. La société bruxelloise a en effet été contactée par des investisseurs étrangers – surtout américains – qui cherchent à obtenir une compensation de Vestas pour la moins-value sur les titres qu’ils détiennent. “Vestas était parfaitement au courant du changement comptable, poursuit Erik Bomans. Pour des installations qui s’étalent dans le temps, il faut comptabiliser les revenus à la fin des opérations. Vestas avait l’habitude de comptabiliser le chiffre d’affaires d’un projet au fur et à mesure de son installation.”

Une “class action” aux Etats-Unis

Il n’y a pas de soupçon de fraude, mais plutôt de maladresse ou de négligence, dont certains actionnaires aimeraient bien obtenir réparation. Une action collective (class action) a été déclenchée aux Etats-Unis, mais ne concerne que les porteurs de titres ADR, à savoir des certificats américains représentant des actions de sociétés étrangères. La procédure américaine est impossible pour les détenteurs d’actions, lesquels doivent procéder en Europe. Deminor évalue la situation et pourrait, par exemple, organiser une action groupée, prévue par le droit danois et qui permet à un groupe de plaignants d’organiser une procédure unique.

Deminor va aussi examiner si ce virage tardif a pu générer des gains grâce à des informations privilégiées. Ceux qui savaient, avant octobre, que les comptes de Vestas allaient être corrigés pouvaient en théorie jouer le titre à la baisse. “C’est possible, mais nous n’avons pas encore examiné cet aspect”, conclut Erik Bomans.

Robert van Apeldoorn

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