Comment le site Weibo envisage de sortir des frontières chinoises

© Reuters

Le site de microblogs chinois Weibo lorgne les marchés étrangers et envisage de lancer de nouveaux produits, dans différentes langues, déclare à l’AFP un haut responsable de l’entreprise en balayant toute éventuelle réserve en matière de censure et de crédibilité.

La plateforme, deuxième en Chine derrière WeChat (réseau social, messagerie et paiement mobile), souhaite notamment séduire les Chinois d’outremer, vivant en dehors des frontières du pays où l’internet est strictement contrôlé, précise le directeur des opérations Sports de Weibo, Zhang Zhe.

“Nous voulons que tous ceux qui parlent chinois utilisent Weibo”, indique-t-il, en marge d’une conférence sur l’économie du sport à Dongguan, dans le sud de la Chine.

Mais Weibo veut aussi gagner de nouveaux publics avec des produits de niche dans différentes langues, en partie inspiré par le succès à l’étranger du chinois TikTok, plateforme de partage de vidéos et réseau social prisée par les jeunes.

Le créateur de TikTok, Bytedance, basé à Pékin, a annoncé cette semaine un partenariat avec la NBA, l’association américaine de basketball, qui lui permettra de diffuser des contenus dans plusieurs pays, dont les États-Unis.

“Weibo est un produit très développé. Non seulement nous avons des vidéos, mais aussi des images, graphiques, articles et même du direct. Nous avons tout!”, affirme M. Zhang.

Le responsable admet que cela n’aurait “aucun sens” de se lancer dans une concurrence frontale avec des médias déjà en position de force à l’étranger, comme les mastodontes Twitter ou Facebook. “Donc si Weibo s’exporte, nous pensons que nous pouvons pénétrer le marché avec un produit ciblé, comme TikTok l’a fait”.

Venant d’un pays où les censeurs ont érigé une Grande Muraille de l’internet, les entreprises technologiques chinoises ne sont toutefois pas toujours bien accueillies à l’étranger, où leur présence soulève des questions de sécurité et de surveillance potentielle.

La Nouvelle-Zélande a ainsi interdit d’utiliser les équipements du chinois Huawei pour développer le réseau 5G, invoquant des problèmes technologiques. Mais Spark, le principal opérateur de télécommunications, a fait état d’inquiétudes des services secrets face à des “risques pour la sécurité nationale”.

Désinformation

Weibo ne se soucie pas de problèmes de crédibilité alors que les médias et réseaux sociaux chinois sont parfois accusés de propager de fausses informations et que la censure en vigueur peut entacher son image.

“Ca ne nous préoccupe pas pour le moment”, dit M. Zhang, indiquant qu’une équipe de plus d’un millier de personnes vérifie les contenus en ligne, selon de sévères principes éditoriaux.

“Weibo est une filiale de Sina, qui est un grand groupe de médias, avec des principes très forts, comme toute société d’information dans le monde”, ajoute-t-il.

Quelles que soient ses ambitions à l’étranger, Weibo cible toujours en premier lieu le marché chinois, où Facebook et Twitter sont bannis et où il a plus de 400 millions d’utilisateurs actifs par mois. Il lui reste à y conquérir des utilisateurs, dans les villes secondaires du pays, et son “objectif principal est de s’assurer qu'(il) sert ce marché” gigantesque.

A l’avenir, Weibo pourrait à son tour acheter des droits de diffusion sportive. “Tout dépend de l’évolution de l’audience”, selon Zhang Zhe. Mais sa stratégie restera de répercuter des contenus reçus gratuitement par des ligues souhaitant toucher le public chinois.

“Nous voulons y aller pas à pas et non faire le grand saut, ce qui explique que nous n’ayons pas encore de plans concrets pour notre expansion internationale”, explique-t-il.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content