Climat: ExxonMobil et Chevron essuient un revers

/ © Reuters

Un régulateur américain vient d’infliger un revers à ExxonMobil et à Chevron en leur demandant de soumettre au vote de leurs assemblées générales des résolutions sur les risques financiers posés par les efforts globaux contre le réchauffement climatique.

Le contrôleur financier de New York Thomas DiNapoli, qui gère le fonds de pension des fonctionnaires de l’Etat, et une association actionnaire avaient adressé à ExxonMobil en décembre une proposition commune lui demandant d’évaluer l’impact sur ses résultats financiers des législations cherchant à limiter le recours aux énergies fossiles.

Ils souhaitaient notamment la présenter lors de l’AG annuelle cette année.

Un autre actionnaire individuel, Eric McCallum, voulait en outre présenter une résolution demandant au géant pétrolier d’augmenter les dividendes en prévision des conséquences à venir d’accords comme celui de Paris sur le climat.

ExxonMobil, qui y était opposé, avait sollicité en janvier l’avis de la SEC, le régulateur de la Bourse.

Idem pour Chevron dont une actionnaire, Susan Inches, entend présenter une résolution similaire lors de la prochaine AG annuelle.

Le directeur juridique de la SEC Ryan Adams a fait une réponse identique aux deux majors, selon les lettres consultées jeudi par l’AFP.

“Nous ne pensons pas qu’ExxonMobil peut omettre la proposition des documents” prévus pour l’AG avertit-il.

“La réponse du conseil d’administration figurera dans les résolutions qui seront inclues dans les documents distribués aux actionnaires le mois prochain en vue de l’assemblée générale”, a indiqué à l’AFP Alan Jeffers, un porte-parole d’ExxonMobil.

La major et sa rivale Chevron ont toujours refusé de reconnaître les différentes études démontrant le rôle néfaste des énergies fossiles dans le réchauffement climatique. ExxonMobil a même mené la fronde contre le protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre.

“C’est une grande victoire pour les actionnaires qui veulent prendre à bras le corps les risques que le réchauffement climatique présente pour leurs portefeuilles”, s’est réjoui Thomas DiNapoli dans un communiqué. “Les actionnaires ont le droit de savoir si ExxonMobil prend les mesures nécessaires pour se préparer à moins de carbone à l’avenir, surtout maintenant dans la foulée de l’accord de Paris”.

La décision de la SEC tombe au mauvais moment pour ExxonMobil, qui fait l’objet depuis novembre d’une enquête du ministre de la Justice de New York. Celui-ci le soupçonne d’avoir menti et trompé le grand public et ses actionnaires sur l’impact de la consommation des produits pétroliers sur le climat.

Eric Schneiderman a demandé à ExxonMobil de lui fournir une foultitude de documents financiers et courriers liés à ses déclarations sur le climat depuis 1977.

Il s’intéresse notamment au financement par ExxonMobil de recherches climato-sceptiques et cherche à déterminer si l’entreprise a caché au grand public et à la communauté financière des études démontrant le rôle néfaste des énergies fossiles sur le climat.

Il n’est pas certain que cette enquête aille au bout, un accord à l’amiable étant toujours possible. La suite à donner aux enquêtes sera connue d’ici mai.

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