Bpost: rumeurs de rachat, cours suspendus et syndicats inquiets

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Le cours de l’action bpost a été suspendu “dans l’attente d’une publication”, indique la FSMA. Les rumeurs d’un rapprochement avec PostNL circulent… L’entreprise belge ne communiquera pas avant lundi.

Le cours de l’action bpost a été suspendu vendredi à 12h30 “dans l’attente d’une publication”, indique l’autorité des services et marchés financiers (FSMA). Les rumeurs d’un rapprochement avec PostNL circulent, la cotation de la banque néerlandaise a également été suspendue.

Bpost ne communiquera pas ce vendredi. Elle diffusera par contre un communiqué lundi avant l’ouverture de la Bourse, a indiqué une porte-parole. La poste néerlandaise n’a pas non plus voulu réagir aux informations selon lesquelles la poste belge souhaite l’acquérir.

Selon De Tijd, bpost a déposé une première offre sur la poste néerlandaise le 25 mars, offre rejetée mais qui a été suivie par une deuxième puis une troisième proposition. C’est cette troisième offre qui serait à l’étude.

La valeur boursière de bpost (4,8 milliards d’euros) est trois fois supérieure à celle de la poste néerlandaise (1,7 milliard), écrit encore De Tijd.

PostNL – qui emploie quelque 49.000 personnes, soit près du double de bpost – a bouclé l’année 2015 sur un chiffre d’affaires de près de 3,5 milliards d’euros.

Les syndicats se concerteront lundi

Les syndicats de bpost sont préoccupés par l’annonce possible d’un rapprochement entre l’entreprise et PostNL. Lundi, les syndicats se concerteront après avoir reçu davantage d’informations.

“Un coup de tonnerre”, estime Mark De Mulder du syndicat libéral.

“Le fait que bpost explore de nouveaux marchés, c’est quelques chose de connu. Dans le passé, il y a notamment eu des discussions en Roumanie”, souligne M. De Mulder. Il explique notamment qu’il est “logique” que des opérateurs postaux souhaitent collaborer “et certainement lorsque l’on sait qu’il existe sur le marché des mastodontes comme TNT/FedEx. Il serait fou de ne pas trouver de partenaire”. Toutefois, le responsable syndical est particulièrement préoccupé par les conséquences d’une telle collaboration pour le personnel de bpost. “Les travailleurs garderont-ils leur statut actuel? Quels seront les changements dans l’entreprise? “, s’interroge-t-il.

Son confrère du syndicat socialiste a réagi avec surprise aux informations faisant état d’une possible reprise de PostNL. Il déplore que les syndicats n’aient pas été informés ces derniers mois.

Les syndicats rencontreront lundi la direction. Il s’agit d’une réunion prévue mais selon Mark De Mulder, elle servira surtout à obtenir plus d’informations sur ce dossier. “Nous déciderons en front commun comment réagir”, souligne-t-il. Des actions ne sont pas exclues.

La direction rassure le personnel

Bpost a envoyé un courrier interne à ses travailleurs afin de les rassurer alors que des informations font état d’un rapprochement avec la poste néerlandaise, a indiqué un porte-parole de l’entreprise.

“Les gens sont inquiets mais la direction leur a envoyé un message afin de les rassurer”, a précisé le porte-parole selon qui “il faut aujourd’hui se concentrer sur le service aux clients”. Les syndicats se réuniront lundi pour déterminer une position commune.

“L’Etat va vendre une partie de Bpost”

Jean-Pascal Labille, le patron de Solidaris et ancien ministre des Infrastructures publiques, avait annoncé ce matin sur les ondes de la RTBF que l’Etat allait vendre (partiellement ou totalement) ses actions dans Bpost. “C’est une question d’heures” a-t-il précisé. Des “actions” seraient aussi à prévoir de ce côté-là, selon lui.

L’assemblée plénière de la Chambre a adopté en décembre dernier, majorité contre opposition (trois abstentions du VB), le projet de loi permettant la privatisation, sans nécessaire minorité de blocage, des entreprises publiques cotées en Bourse, à savoir Bpost et Proximus.

Le texte supprime l’obligation légale faite aux autorités de détenir une majorité des actions de Proximus et Bpost. En principe, une privatisation complète est même possible, vu que le texte ne prévoit plus aucun seuil. Cela n’empêche toutefois pas de maintenir une minorité de blocage.

En détails: La voie est ouverte pour la privatisation complète de Bpost et Proximus

De Croo dément

Du côté de l’actuel ministre des Entreprises publiques, Alexander De Croo (Open VLD), on dément formellement ces propos: ” Monsieur Labille fait un amalgame et tente de créer aussi l’inquiétude chez Bpost. C’est tout à fait inapproprié. Le gouvernement n’a pas l’intention de vendre ses actions. L’adaptation de la loi date d’il y a un an et a été votée au Parlement fin 2015. Cette modification devait donner plus d’autonomie à Bpost et Proximus pour qu’elles puissent rester des entreprises publiques solides dans deux marchés très concurrentiels. Bpost et Proximus sont aujourd’hui très performantes et ils doivent le rester “, relaie Le Soir après avoir posé la question au cabinet du ministre.

Labille persiste

Selon M. Labille, qui persiste, un projet de rapprochement avec un autre opérateur européen est en cours, le nom de l’homologue néerlandais PostNL circule, selon les syndicats de Bpost. Le rapprochement impliquerait la vente d’une dizaine de pour cent des actions de l’Etat dans la société. Actuellement, l’Etat belge détient 50% plus une action. Les syndicats sont convoqués lundi matin par le CEO Koen Van Gerven. Ils dénoncent vendredi le fait d’avoir été maintenus dans l’ignorance au cours de ces derniers mois. Ils évalueront les actions à mener lundi.

Lire aussi: Bpost & Proximus : les 5 arguments anti-privatisation

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