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Bayer-Monsanto : une fusion à haut risque pour la réputation de Bayer

La fusion entre la firme allemande Bayer, celle qui a inventé l’aspirine, et l’américain Monsanto étonne. Si Bayer a bonne réputation, celle de Monsanto est exécrable. Plus que le risque financier lié à ce deal de 66 milliards de dollars, certains se demandent si le vrai risque pour Bayer serait de perdre sa réputation ?

Une entreprise, c’est du capital bien sûr. C’est aussi des hommes et des femmes avec leur savoir-faire. Mais une entreprise, c’est aussi une réputation. Et la réputation peut disparaître du jour au lendemain, même pour des marques établies depuis des décennies. Ceux qui ont la mémoire courte se souviennent-ils encore de la firme de consulting Andersen qui a disparu à la suite du scandale de l’affaire Enron ?

La question se pose aujourd’hui pour la fusion entre le groupe chimiste allemand Bayer et l’américain Monsanto. C’est la plus grosse fusion de l’année, puisqu’elle porte sur un deal de 66 milliards de dollars ! Mais ce qui a étonné les observateurs, c’est de voir Bayer dont la réputation est plutôt bonne, prendre le contrôle d’une des entreprises les plus détestées au monde Monsanto.

S’il y a une firme qui est régulièrement la cible des écologistes, et des ONG, c’est bien Monsanto. La firme a même eu droit à un film intitulé “Le monde selon Monsanto” et pire encore, nos confrères des Echos rappellent qu’il y a même un tribunal “auto-proclamé” qui va se dérouler du 14 au 16 octobre prochain et qui entend juger cette entreprise américaine pour crimes contre l’environnement. Ce que reprochent tous les activistes à Monsanto, c’est notamment de commercialiser le célèbre Roundup, un désherbant très efficace qui utilise le glyphosate, une molécule classée “cancérogène probable pour l’homme” par le centre international de recherche sur le cancer. Sachant cela, comment une entreprise comme Bayer a-t-elle pris le risque de mettre sa réputation à mal via ce méga-rachat à 66 milliards de dollars ? La fusion peut-elle se passer sans que la réputation sulfureuse de Monsanto ne vienne écorner celle de Bayer ?

Interrogés à ce propos par nos confrères des Echos, plusieurs spécialistes de la communication nuancent la réponse. Il y a ceux qui rappellent qu’à part quelques pays, notamment en Europe, ailleurs Monsanto ne suscite pas autant de vagues d’indignation. Et puis, il y a ceux qui disent que le patron de Bayer peut jouer le rôle de pompier en entamant le dialogue et l’écoute avec les opposants. D’autres qui préconisent des solutions plus radicales comme évacuer le produit Roundup au sein d’une filiale et puis de la céder. D’autres spécialistes de la communication pensent que suite à la fusion, le nom de Monsanto va de toute façon disparaître au profit de celui de Bayer. Cela ne réglera sans doute pas le problème, mais cela permettra déjà de diminuer la pression sur l’équipe dirigeante.

Donc oui, en conclusion, la fusion Bayer-Monsanto, est une fusion à haut risque, non pas financier, mais de…réputation !

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