Analyse de la vente à découvert, cette pratique qui horripile le patron de Tesla

© REUTERS

Si le patron de Tesla Elon Musk veut retirer son groupe de Wall Street, c’est en partie pour fuir les nombreux investisseurs qui parient sur son échec en “vendant le titre à découvert” et sont, selon ses propos au New York Times, à l’origine d’une grande partie de son stress.

Retour sur cette pratique boursière très risquée.

Que signifie “vendre à découvert” (“short a stock” en anglais)?

Un investisseur parie habituellement sur la réussite d’une entreprise en achetant une action et en espérant la revendre plus tard à un prix plus élevé. Mais il peut aussi considérer qu’une action va baisser. Il emprunte alors un titre de la société à un courtier, qu’il vend ensuite sur le marché, à 100 dollars par exemple. Si l’action descend à 90 dollars, il peut décider de la racheter afin de la rendre au courtier. Il se sera fait 10 dollars au passage, moins la commission versée pour emprunter l’action.

Pourquoi pratiquer la vente à découvert?

Certains investisseurs peuvent estimer qu’une entreprise ne vaut pas le prix auquel elle est cotée en Bourse. Parce qu’elle profite simplement d’un phénomène de mode, parce qu’elle est positionnée sur un créneau amené à péricliter, ou parce que sa stratégie n’est pas la bonne.

D’autres investisseurs a priori plus enclins à miser sur la hausse d’un titre peuvent aussi décider d’en vendre une partie à découvert pour se protéger en cas de chute soudaine, pour ne pas tout perdre.

“Pour une entreprise, cela ne change rien a priori” dans sa gestion au quotidien, remarque Gregori Volokhine, gestionnaire de portefeuille pour Meeschaert Financial Services. “Mais si de nombreux investisseurs vendent à découvert l’action d’une société, cela peut être un signal d’alarme pour les autres investisseurs, cela attire leur attention”, souligne-t-il.

Environ 27% des actions Tesla pouvant être échangées à la Bourse sont ainsi détenues par des investisseurs pariant sur sa baisse, ce qui correspond à environ 12 milliards de dollars selon le cabinet S3. A titre de comparaison, seulement 2,3% des actions General Motors, le premier constructeur automobile américain, sont vendues à découvert.

Une pratique extrêmement risquée

Quand on mise sur une entreprise et qu’elle fait faillite, on perd au pire sa mise de départ. Quand on vend un titre à découvert, les pertes sont potentiellement illimitées. Si une action empruntée, puis vendue à 100 dollars, s’envole et que le vendeur à découvert décide d’abandonner son pari quand elle atteint 1.000 dollars, il devra la racheter à ce prix. Il aura perdu au passage 900 dollars.

Savoir quand racheter son action, pour engranger le plus de profits possibles quand elle baisse ou pour limiter les pertes quand elle monte, est une compétence délicate.

“C’est une activité où il y a très peu de vainqueurs, peut-être la plus difficile dans le monde de la finance”, estime M. Volokhine. “Certains ont raison avant tout le monde mais finissent par jeter l’éponge avant que le titre ne redescende par peur de perdre trop d’argent.”

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