Air France: le sort du PDG lié à un vote des salariés

Le nouveau PDG du groupe Air France-KLM Jean-Marc Janaillac. © AFP

Le patron d’Air France Jean-Marc Janaillac y a lié son sort: la compagnie aérienne connaîtra vendredi, à sa treizième journée de grève depuis février, le résultat d’une consultation du personnel sur un accord salarial proposé par la direction.

Vendredi, le groupe Air France-KLM a annoncé une perte nette de 269 millions d’euros au premier trimestre, plombé par trois journées de grève (22 février, 23 et 30 mars) d’Air France sur cette période.

Le coût des onze premiers jours de grève est estimé à “300 millions d’euros”, soit un peu plus de 25 millions par jour pour le groupe qui prévoit d’ores et déjà un résultat d’exploitation en 2018 “en baisse sensible par rapport à 2017”, où il avait atteint 1,9 milliard d’euros.

Selon les prévisions de la direction, 75% des vols seront assurés vendredi, alors que la mobilisation des pilotes s’effrite: le taux de grévistes s’établit à 21,5% contre 33% au début du mouvement.

Cette treizième journée de grève coïncide avec une nouvelle séquence de grève à la SNCF, opérateur français du rail.

Vendredi, les négociations avec les syndicats d’Air France semblaient au point mort, aussi bien sur les revendications salariales que sur d’autres accords internes en discussion.

Le vote sur le projet d’accord, lancé le 26 avril par voie électronique, sera clos à 18H00 (16h00 GMT). Il prévoit de 2018 à 2021, selon la direction, “des augmentations générales de salaire de 7% sur quatre ans, s’ajoutant aux augmentations individuelles”, contre 1% en 2018 en deux temps initialement.

En annonçant le lancement de cette consultation sans valeur juridique, décidée après l’échec des discussions avec les syndicats grévistes, M. Janaillac, 65 ans, aux commandes du groupe Air France-KLM depuis juillet 2016, a averti qu’il quitterait son poste en cas de résultat négatif.

Le Premier ministre Édouard Philippe avait salué sa position “courageuse”, incitant “tout le monde à boucler sa ceinture de sécurité” en cas de départ du PDG dans ces conditions, “parce ce que les turbulences (…) ne seraient pas minimes”.

“Crise majeure” ?

Quelle que soit l’issue de la consultation, le conflit ne sera pas réglé pour autant.

“Si le non l’emporte (…) on rentre dans une crise majeure”, même si “la grève s’arrêtera peut-être, parce qu’elle n’aura plus aucun sens” sans “patron pour négocier”, estime Béatrice Lestic du syndicat CFDT (non gréviste).

Mais dans le cas contraire, l’accord devra être remis à la signature des syndicats. La CFDT et la CFE-CGC signeront probablement “mais ça ne suffit pas, il en faut un troisième” pour être majoritaires, ajoute-t-elle.

L’intersyndicale appelant à la grève réclame sa “part du gâteau” après les résultats solides enregistrés par le groupe en 2017.

Elle demande 5,1% d’augmentation en deux temps en 2018 (+3,8% en avril et +1,3% en octobre) au titre d’un “rattrapage” nécessaire, après six ans de gel des grilles salariales.

Ces revendications sont considérées par la direction comme une remise en cause des efforts déployés ces dernières années pour rattraper le retard de compétitivité de la compagnie, toujours confrontée à une très forte concurrence des compagnies du Golfe, mais aussi en Europe avec des compagnies low-cost agressives.

Avec une marge d’exploitation (un des critères de rentabilité du groupe aérien) de 555 millions d’euros, contre 910 millions pour KLM, la compagnie se situe “encore loin derrière beaucoup de ses compétiteurs”, selon la direction.

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