À quoi ressemblera le nouveau statut des aéroports wallons ?

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Le gouvernement wallon va revoir le statut des aéroports de Liège et de Charleroi et, au passage, les privatiser. Il espère y parvenir avant les élections régionales de mai 2019.

Bouleversement en vue pour les aéroports wallons. Le gouvernement wallon cherche à clarifier leur situation vis-à-vis de la Commission européenne et à les rendre plus attractifs pour des investisseurs privés.

Les aéroports passeront d’un statut de concessionnaire – limité dans le temps, jusqu’en 2041 – à celui de licence, qui peut avoir une durée indéterminée. ” Dans le monde aérien, les investissements et les développements se réalisent sur plusieurs décennies, le système de concession ne permet pas à des investisseurs privés d’avoir une visibilité suffisamment lointaine “, indique Jean-Luc Crucke, ministre du Budget, en charge des aéroports wallons. Un avant-projet de décret a été adopté par le gouvernement wallon.

Jusqu’à présent, les aéroports sont opérés par des sociétés concessionnaires, Liege Airport à Bierset, Brussels South Charleroi Airport (BSCA) à Gosselies. Ces dernières ne possèdent pas l’infrastructure mais la louent pour une bonne part à la Sowaer, la Société wallonne des aéroports, entité de la Région wallonne, véritable propriétaire des aéroports. L’avant-projet de décret prévoit que les infrastructures commerciales seront revendues aux sociétés qui disposeront de la licence d’exploitation des aéroports de Liège et de Charleroi. ” Cela ne concerne pas les pistes, mais les bâtiments commerciaux, comme les terminaux de départ et d’arrivée, les parkings ” précise Jean-Luc Crucke. Il ne s’avance pas sur le montant que pourrait représenter la vente de ces actifs, ” une évaluation indépendante va être réalisée ” ajoute-t-il. Notre confrère L’Echo parle de 75 millions d’euros. Une opération qui pourrait, au passage, donner une meilleure maîtrise de l’immobilier aux aéroports.

Privatisation à 75 %

La transaction ne pourra avoir lieu qu’après l’attribution des licences par la Région wallonne. Elles n’iront pas automatiquement aux gestionnaires actuels, il y aura une sorte d’appel d’offres. ” Nous déciderons en fonction des plans de développement qui seront proposés “, continue le ministre en charge des aéroports wallons. L’opération mènera à la privatisation de ces opérateurs. ” La Région ne conservera que 25 % des parts plus une “, ajoute Jean-Luc Crucke. Elle ne remettra pas en cause les subsides pour couvrir les frais de sécurité (surveillance et pompiers), autorisés par la Commission européenne. Le vote du décret et l’attribution des licences devraient avoir lieu avant les élections de mai 2019, c’est du moins l’objectif du ministre.

En fait, la privatisation concerne surtout Charleroi. Liege Aiport a une majorité privée (Nethys, Ethias, Belfius, Aéroport de Paris) à plus de 75 %. A Charleroi, l’actionnaire privé, Belgian Airports, possède 27,65 % des parts, il est contrôlé par l’italien Save, qui pourrait revendre ses parts.

Victime collatérale

Autre réforme qui touche les aéroports wallons (notamment) : le décret sur la bonne gouvernance, adopté après l’affaire Publifin. Jean-Jacques Cloquet, patron de l’aéroport de Charleroi, a le sentiment d’en être la victime collatérale : il a été obligé de démissionner de sa fonction d’administrateur délégué. Le décret ne lui permettant plus d’être membre du conseil d’administration, il est devenu directeur général. ” Le décret ne vise pas Jean-Jacques Cloquet personnellement. Je comprends qu’il soit chagriné car il n’a rien à se reprocher “, commente, embarrassé, le ministre Jean-Luc Crucke, en charge des aéroports wallons. ” Cela ne change rien à ses émoluments. ” Et pour cause : Jean-Jacques Cloquet est largement en dessous du plafond introduit par ce décret, à savoir 245.000 euros par an (hors indexation). La mesure est d’autant plus mal vécue que l’aéroport de Charleroi connaît une belle progression dans une paix sociale enviable. D’où certains états d’âme de Jean-Jacques Cloquet. Une exemption, comme celle accordée aux dirigeants de la Sonaca et de la FN, aurait été possible mais elle a été refusée à BSCA. Sans doute pour éviter d’étendre les exemptions à d’autres entités équivalentes, comme Liege Airport.

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