La transformation numérique gagne en importance

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Les entreprises belges se préparent à l’impact de l’intelligence artificielle et d’autres nouvelles technologies. C’est ce qui ressort d’une enquête menée auprès de managers, cadres et autres décideurs belges. Près de la moitié des personnes interrogées ont un à cinq projets numériques en cours dans leur organisation.

L’enquête est une initiative de Trends et Trends-Tendances, en collaboration avec le spécialiste en logiciels SAP. Elle a été menée auprès d’environ 1 100 chefs d’entreprise et autres décideurs belges dans des entreprises ou des organisations gouvernementales. Les participants sont représentatifs des secteurs, de la taille des entreprises et des régions en Belgique. L’accent a été mis sur la transformation numérique. Ce terme recouvre notamment l’utilisation du cloud computing, l’analyse de grandes quantités de données et l’intelligence artificielle (IA).

La plupart de ces techniques ont déjà dépassé leurs maladies infantiles. Par exemple, une marque de mode n’a plus besoin d’envoyer des chercheurs prospecter dans des quartiers branchés en guise de source d’inspiration pour de nouvelles collections. Au lieu de cela, elle peut analyser en masse des photos d’Instagram et d’autres réseaux sociaux à l’aide de logiciels. Une veille de tendance “IA” peut répondre en permanence et beaucoup plus rapidement aux derniers styles qui surgissent dans la rue.

Cette nouvelle technologie possède le potentiel requis pour transformer radicalement le fonctionnement des entreprises et leur faire gagner de l’argent. Près de 60 % des décideurs interrogés considèrent donc que la transformation numérique de leur organisation est nécessaire pour poursuivre leur croissance. Selon Alain Georgy, directeur général de SAP Belux, cette prise de conscience est en augmentation. “Dans la première édition de notre Technobaromètre, il y a environ un an et demi, 24 % des entreprises belges s’attendaient à ce que les innovations numériques aient un impact sur leur secteur dans l’année. Aujourd’hui, les nouveaux résultats (bien qu’il s’agisse d’un autre groupe de répondants, ndlr) montrent que 53 % des entreprises prévoient ce phénomène. Le chiffre a donc plus que doublé.”

60% des décideurs interrogés considèrent que la transformation numérique de leur organisation est nécessaire pour poursuivre leur croissance.

Toutefois, la répartition de cette prise de conscience est inégale. Plus l’entreprise est grande, plus il est probable qu’elle aura une idée claire de ce qu’implique la transformation numérique. Les grandes entreprises sont plus souvent d’accord avec le principe que les projets numériques sont nécessaires pour rester compétitif et se développer. Tout le monde n’est pas non plus gagné à cette cause au sein des entreprises. Seuls 22 % des directeurs financiers interrogés savent exactement ce que signifie la transformation numérique. Ce chiffre grimpe à 34 % chez les PDG et les gérants. Et ce sont là les principaux décideurs, qui sont appelés à approuver les projets numériques en définitive. Ceci, même s’il est vrai qu’une majorité de collaborateurs à tous les niveaux peuvent plus ou moins cerner les implications d’une transformation numérique.

L’exemple des banques

L’enquête demandait également des exemples de transformation numérique. Il a été constaté que Tesla, Uber, Amazon et d’autres sociétés technologiques étaient souvent évoquées. Étonnamment, les banques ont été citées en premier lieu comme exemples de transformation numérique. Peut-être l’omniprésence des services bancaires mobiles y est-elle pour quelque chose. Les répondants ont indiqué que les projets numériques chez les concurrents n’étaient que dans une moindre mesure un incitant pour lancer eux-mêmes un projet. Parmi les participants néerlandophones, le pourcentage est de 19 %. Du côté francophone, il est un peu plus élevé, atteignant 32 %.

Peter Hinssen, un expert en innovation qui dispose d’un vaste réseau dans les bureaux de direction des entreprises belges, estime que les mouvements dans le secteur propre jouent en effet un rôle moins important. “L’impact de la technologie se fait sentir dans notre vie quotidienne”, dit-il. “C’est aussi dans leur sphère privée que les dirigeants d’entreprise font l’expérience de la révolution provoquée par le numérique. Souvent, ils voient leurs adolescents qui trouvent tout à fait normale la formule ‘commandé en ligne avant 23 heures, livré à domicile le lendemain’. Un autre facteur est l’attention médiatique. Les médias accordent beaucoup plus d’attention aux grandes entreprises technologiques américaines et asiatiques ou aux nouvelles technologies qu’il y a environ trois ans. Cet été, par exemple, la chaîne de supermarchés Whole Foods a été rachetée par Amazon et, subitement, toutes les parts des supermarchés ont été mises sous pression.”

Manque de connaissances

L’enquête montre également que les entreprises belges ne sont pas en reste. 37 % des personnes interrogées indiquent que leur entreprise prépare un projet numérique. Chez 43 %, l’entreprise est déjà pleinement engagée dans la transformation numérique et plusieurs départements, au minimum, sont impliqués dans le projet. Les principaux objectifs des répondants sont d’accroître l’efficacité et d’améliorer le service à la clientèle. Et ce sont dans tous les cas des processus qui s’étendent à toute l’entreprise. La moitié des personnes interrogées déclarent que jusqu’à cinq projets numériques sont en cours dans leur organisation. Pour 20 % d’entre eux, il s’agit même de 5 à 20 projets.

Pour 65 % des participants, dont l’entreprise est engagée dans la transformation numérique, le PDG ou la haute direction exerce la responsabilité finale, 11 % affirment que c’est le conseil d’administration. “De nombreuses entreprises familiales oeuvrent à une transformation numérique”, explique Hinssen. “De tels entrepreneurs sont plus enclins à penser à long terme. Ils veulent transmettre leur entreprise dans le meilleur état possible à la prochaine génération. J’ai le sentiment que, en Belgique, les pionniers ont généralement un conseil d’administration actif. Celui-ci incite le management à ne pas seulement se préoccuper du trimestre suivant. Le conseil d’administration exige une stratégie à long terme qui prenne en compte les dangers et le potentiel des nouvelles technologies.”

Pour 43 % des personnes interrogées, il s’avère que leur entreprise est déjà pleinement engagée dans la transformation numérique.

Une grande majorité est donc favorable au numérique, mais les entreprises belges rencontrent des obstacles. Le plus gros problème ne réside pas dans un manque de moyens financiers. Les principales embûches pour les entreprises sont un manque de connaissances dans leurs propres rangs, de stratégie numérique bien définie et de personnes compétentes. C’est logique en soi, car 23 % des participants travaillent sur des projets avec le machine learning. Il est particulièrement difficile de trouver des experts dans cette technique d’intelligence artificielle. Mais les entreprises observent des carences dans tous les domaines et pas seulement sur le plan purement technique.

Selon Alain Georgy de SAP, les entreprises sont déjà une étape plus loin dans le processus de transformation et recherchent la meilleure application pour créer de la valeur ajoutée. “Dans notre étude précédente, la transformation numérique était souvent considérée comme un problème technologique. Suivant la nouvelle enquête, ce n’est plus le cas. Et c’est là une évolution positive.”

PROJETS LES PLUS POPULAIRES POUR LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE

• Cloud computing : 55 %

• Commerce électronique : 47 %

• Compétences numériques des collaborateurs : 42 %

• Collecte de données via les réseaux sociaux : 37 %

• Business intelligence : 36 %

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