La pharmacie en ligne progresse en Belgique

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Alors qu’ils subissent un recul des ventes, les pharmaciens se diversifient : phytothérapie, homéopathie, parapharmacie et Internet. Ils sont ainsi de plus en plus nombreux à se lancer sur la Toile ou à s’y intéresser, malgré certaines difficultés. Avec succès pour Newpharma, pionnier de la pharma en ligne, qui génère déjà 360.000 euros de chiffre d’affaires par… mois !

En Belgique, les pharmacies en ligne se développent lentement mais sûrement depuis deux ans. Le secteur, emmené par Newpharma, l’un des plus gros acteurs, évolue progressivement. Tant en termes de ventes qu’en nombre d’acteurs. Le pionnier doit en effet faire face à de nouveaux concurrents comme Pharmasimple.

Le secteur de la pharma en ligne cultive une vraie discrétion. C’est que le sujet reste tabou. Des acteurs ont ainsi préféré ne pas s’exprimer sur leur activité en ligne. Des pharmaciens nous ont par ailleurs précisé que certains voient dans les ventes électroniques une diversification “susceptible de ternir l’image de la profession, qui n’est pas commerciale”.

L’Ordre des pharmaciens se montre par ailleurs très strict par rapport aux sites Web, réglementés par un arrêté royal et surveillés conjointement par l’ordre et par l’Agence du médicament.

“Ces activités ne doivent pas être purement commerciales : telle est notre position, qui n’est pas toujours très populaire”, confirme Piet Van Maercke, directeur au conseil national de l’Ordre des pharmaciens. L’intérêt premier de ces sites reste la santé, pas la rentabilité du pharmacien. Ces plateformes doivent dès lors respecter de manière stricte la législation et les règles de déontologie.”

Ainsi ne peuvent être vendus sur le Net que des produits de parapharmacie (cosmétiques, etc.) et des médicaments qui ne sont pas délivrés sur prescription (OTC). Tous les autres – à savoir, selon les cas, entre 50 % et 75 % du chiffre d’affaires d’une officine traditionnelle – sont légalement interdits à la vente en ligne.

Plus de chiffre qu’en officine

Malgré ces restrictions et de lourdes contraintes en termes de publicité, la croissance semble bel et bien en vue. Le nombre de sites de pharmacie en ligne augmente progressivement. “On parle d’une croissance à deux chiffres mensuellement”, avance Maël Doudelet, CEO de Bluevision, agence Web qui développe des sites pour des pharmacies. De quoi provoquer une ruée sur le Net ? “Cela ne représente qu’une centaine de sites sur les 5.250 pharmacies belges”, tempère l’Ordre des pharmaciens.

Newpharma, en tout cas, a le sourire : le site enregistre, certains (bons) jours, jusqu’à 400 commandes, soit pas moins de 6.718 commandes en octobre. Au cours de ce seul mois, le pharmacien a réalisé un chiffre d’affaires en ligne de 362.000 euros. Pour 2010, Newpharma table sur un chiffre d’affaires en ligne de 3,9 millions d’euros. Si l’on tient compte du fait que sa pharmacie traditionnelle réalise 26 % du chiffre dans la parapharmacie et les médicaments sans ordonnance, cela représente l’équivalent de 15 pharmacies ! Le ticket moyen des clients en ligne serait de 55 euros. Quant à la rentabilité, Newpharma annonce qu’elle est dans le vert en 2010.

Pharmasimple voit gros également : le site compterait plus de 2.000 clients et espère engranger, d’ici au printemps prochain, 100.000 euros de chiffre d’affaires mensuel. Michael Willems, son responsable, est catégorique : “C’est l’avenir ! Le Web nous permet de vendre à des clients qu’on ne toucherait pas autrement, notamment en France où l’on vend énormément. Pour un client en Belgique, on en a trois en France.”

La philosophie de Pharmasimple est claire : jouer sur les prix. Michael Willems vise au moins une réduction de 20 % par rapport aux prix en magasin. “Je ne vois pas l’intérêt pour les gens de commander en ligne si c’est pour payer le même prix qu’en pharmacie”, insiste-t-il.

Sans nul doute, les pharmacies subissent la crise. Les marges diminuent fortement, de même que le chiffre d’affaires. “Sur les neuf derniers mois, on note une diminution de 1,5 % du chiffre d’affaires dans les pharmacies, alors que l’inflation est de 2,5 %”, analyse Yannick Biot, comptable spécialisé dans le monde des pharmaciens. Pas étonnant, dès lors, que les pharmacies cherchent à se diversifier sur l’Internet.

Christophe Charlot

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