Je lance ma boîte ! Quand l’entrepreneuriat monte sur scène

© JALKH ROLAND

Il voulait devenir riche. Tout simplement. Pour y parvenir, pensait-il, une seule voie, celle de l’entrepreneuriat. Naïf ? “Complètement”, reconnaît Davy Courteaux qui a fini fauché mais riche d’une expérience qu’il ne pouvait garder pour lui seul. Aujourd’hui, il la partage sur scène dans une “showférence”.

Je lance ma boîte ! Quand l'entrepreneuriat monte sur scène
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Avocat, agent immobilier, etc. Ils ne sont plus rares ces professionnels à laisser tomber la chemise le temps de monter sur les planches. Ils se lâchent sur scène pour parler de leur métier, de leurs difficultés, n’hésitant pas à caricaturer leur profession avec douceur et humour. Davy Courteaux (28 ans), le chroniqueur radio et animateur du concours NRJ Startup, pousse le concept un cran plus loin. Pas question ici d’un ” simple ” spectacle humoristique car ” on ne s’improvise pas artiste “, estime l’intéressé. Une conférence ? Rébarbatif et peu sexy. ” J’ai envie de transmettre mon expérience de manière divertissante, explique le jeune entrepreneur. D’où l’idée de cette showférence. ” Ecrit avec le soutien de l’humoriste, acteur et rappeur James Deano, Je lance ma boîte est difficilement classable et s’inspire du late-night show de l’humoriste américain Jimmy Fallon. ” Le spectacle proposé est un melting-pot de tout ce qui peut divertir. Il y a du chant (du slam pour être plus précis), de l’humour, du stand-up, des interviews… et un invité surprise. On rit intelligemment. ”

Passionné

Je lance ma boîte ! Quand l'entrepreneuriat monte sur scène
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Car Davy Courteaux a des choses à dire et partager. Débordant d’énergie, il a besoin de laisser libre cours à sa passion pour l’entrepreneuriat qui lui a fait vivre des hauts et pas mal de bas. A 22 ans, il s’engage dans la vie professionnelle comme instituteur et est très vite titillé par une envie dévorante d’entreprendre. Il lance son premier projet en participant à l’émission Starter de la RTBF. Eliminé, il s’accroche et galère pendant deux ans afin de sortir la première version de la plateforme Foxi.be. ” Je voulais créer le sherpa.be du loisir malin, un site qui proposerait des activités telles que des cours de cuisine, des cours de massage, des initiations au kitesurf, bref des activités amusantes présentant un intérêt pédagogique. Mais les levées de fonds se faisaient attendre. ” Solution ? Avec ses deux associés, respectivement graphiste et développeur, il met sur pied une agence de communication, Phenomen, qui leur permet de générer du cash et de lancer Foxi dans la foulée. ” Mais, un an plus tard, le site ne ramenait toujours pas d’argent. Mes associés ont préféré mettre un terme à l’aventure. De mon côté, si je devais abandonner le projet dans lequel je m’étais investi à 500 %, alors j’abandonnais également Phenomen qui ne me faisait pas vraiment vibrer. J’ai donc préféré vendre mes parts. ”

Un monde hyper élitiste

Le monde des start-up est rempli de fils à papa.”

Le Bruxellois ne s’est pas laissé démonter par cette mésaventure. Depuis, il a lancé sa troisième boîte, spécialisée dans les services et événements visant à promouvoir l’esprit d’entreprendre. ” Il faut qu’on arrête de se la péter avec l’entrepreneuriat, trop souvent intellectualisé, s’emporte-t-il. Il est indispensable de le vulgariser, de le populariser. Aujourd’hui, ce milieu est encore hyper élitiste. Le monde des start-up est rempli de fils à papa. Il n’est pas nécessaire d’avoir fait Solvay pour monter sa boîte. Tout le monde peut goûter à cette aventure incroyable ! ”

Je lance ma boîte ! Quand l'entrepreneuriat monte sur scène
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Car la création d’entreprise, c’est l’avenir. Elle permet de s’y projeter positivement en offrant une piste de débouché professionnel. ” Je veux toucher un maximum de jeunes et leur faire comprendre qu’eux aussi, ils peuvent lancer leur société, quel que soit leur milieu social. Il ne faut pas des fortunes pour se lancer. ” Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, après une tournée grand public, le spectacle sera présenté au printemps dans le cadre du plan Yet (Young Entrepreneurs of Tomorrow) de la Région bruxelloise qui vise à sensibiliser les jeunes à l’esprit d’entreprendre. ” Il ne faut pas jurer que par ces start-up qui lèvent des fonds et brûlent des millions, fait remarquer Davy Courteaux. L’avenir de l’entrepreneuriat belge passe par les petits commerçants, les artisans ou les PME. Il faut aussi soutenir et motiver ceux qui veulent créer leur marque de vêtement ou leur propre job. ” Si le show cible les jeunes, il s’adresse aussi aux chercheurs d’emplois, aux employés en quête de sens, mais également aux entrepreneurs eux-mêmes. ” Le spectacle leur permettra de revivre certaines péripéties, de relativiser leur quotidien et d’en rire, estime le showman. Ils ne sont pas les seuls à avoir vécu les visites d’huissiers, à avoir été fichés à la Banque nationale. ”

De l’inspiration avant tout

Eviter le jargon, la conceptualisation et les théories entrepreneuriales, mais surtout donner l’envie et insuffler de l’énergie aux jeunes ou à toute personne tentée par la création d’entreprise, voilà ce que propose Davy Courteaux. ” La showférence se veut inspirante. Les spectateurs en sortent avec quelques bons plans et quelques actions concrètes. ” Le fil conducteur du spectacle ? Les cinq besoins de l’entrepreneur (énergie, idée, équipe, argent et visibilité). Et le jeune entrepreneur de marteler que l’argent ne doit pas être un frein. ” Tu es fiché à la Banque nationale et les banques te tournent le dos ? Pas de souci, il y a le microcrédit et bien d’autres solutions “, lance-t-il en rigolant. Lui qui a participé à des émissions de télévision, s’est inscrit à Koh Lanta, a vendu des fusils à bulles sur les marchés ou pressé des jus d’oranges pour réunir des fonds propres. Il faut se montrer énergique et inspiré, insiste-t-il, comme le furent les fondateurs d’Airbnb qui, en 2008, complètement fauchés, ont surfé sur l’engouement suscité par la campagne électorale américaine opposant Barack Obama et John McCain. A l’époque, ils avaient racheté des palettes de céréales et créé un packaging à l’effigie des candidats (les désormais célèbres Obama O’s et Cap’n McCain’s). Ce qui leur a permis de récolter 40.000 dollars afin de monter un petit site internet. On connaît la suite…

Autant d’anecdotes motivantes et inspirantes mises en avant dans Je lance ma boîte. ” L’important est de croire en soi, conclut sagement le chroniqueur et désormais homme de scène. L’entrepreneuriat n’est pas une science exacte. Il y a tellement de facteurs qui peuvent déterminer la réussite ou l’échec d’un projet. Mais, une chose est sûre, il faut rebondir d’échec en échec pour en faire des succès. ”

A voir le 30 janvier à Namur, le 10 février à Louvain-la-Neuve, le 16 à Liège, le 21 à Bruxelles et le 24 à Charleroi.

cdavy.com

Par Anne-Sophie Chevalier.

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