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Voici la mécanique débile qui fait que le capitalisme tourne fou

Les sociétés cotées, que ce soit aux États-Unis ou en Europe, sont assises sur une montagne de cash. Et généralement, quand une entreprise se trouve dans ce cas-là, elle a trois possibilités: garder ce cash, faire de nouveaux investissements, ou rémunérer un peu plus ses actionnaires. Devinez ce qu’elles choisissent ?

Je vous le donne en mille: ces sociétés redonnent le cash à leurs actionnaires, soit en distribuant de gros dividendes, soit en rachetant les actions de la société, ce qui dope le cours, et constitue donc une autre manière de remercier les actionnaires.

Pour faire court, agir de la sorte signifie en quelque sorte que ces entreprises n’ont pas confiance en l’avenir. Sinon, plutôt que d’enrichir les actionnaires, elles investiraient tout cet argent dans de nouveaux projets. C’est la raison pour laquelle certains économistes pensent que le capitalisme tourne à l’envers.

En réalité, les PDG des grandes firmes cotées en Bourse ne sont pas toujours heureux de ne pas pouvoir investir leur trésorerie dans de nouveaux projets, mais même s’ils veulent le faire, il y a de plus en plus d’actionnaires minoritaires – on les appelle des activistes – qui mettent la pression sur la direction de la société pour qu’elle distribue son cash et ne l’investisse pas dans des investissements qu’ils jugent hasardeux. Hasardeux, parce que pas assez rentables à leurs yeux bien entendu.

Voici la mécanique débile qui fait que le capitalisme tourne fou

Donc c’est vrai, aujourd’hui, le capitalisme tourne fou. Les entreprises qui gagnent de l’argent le redonnent aussitôt aux actionnaires. Et une bonne partie de cet argent ne revient pas dans l’économie réelle, mais sert uniquement à alimenter l’économie casino. Pour vous donner une idée, en 2015 aux États unis, le montant reversé aux actionnaires devrait s’élever à… 1000 milliards de dollars, d’après les experts ! Et comme les modes américaines finissent toujours par nous contaminer, les sociétés cotées européennes font également de même avec leur cash.

Au fond, quand je dis que le capitalisme ne tourne plus rond, c’est à cause de cette mécanique folle, pour ne pas dire débile: nous avons d’un côté, des sociétés cotées qui gagnent de l’argent, mais qui n’investissent pas dans de nouveaux projets, car elles ont peur de l’avenir et préfèrent donc redonner ce cash à leurs actionnaires. Et puis de l’autre côté, les actionnaires qui sont ravis, car ils gagnent de l’argent en Bourse depuis 2009. Mais quand on regarde la hausse des cours de ces dernières années, la majorité de ces hausses a été alimentée par les rachats d’actions.

C’est une mécanique de fou qui n’augure rien de bon pour l’avenir. Le PDG de BlackRock, l’un des plus grands fonds de gestion au monde l’a dit. Il a même envoyé une lettre aux 500 dirigeants des plus importantes sociétés aux États-Unis pour le leur rappeler. Il vient même de le faire avec les 200 plus grandes sociétés cotées européennes. Mais à chaque fois, il n’a pas été écouté: la Bourse n’aime pas les messages de modération, et c’est normal, son moteur principal, c’est la gourmandise.

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