Une personne sur cinq ignore combien gagne son conjoint

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L’argent est-il un sujet tabou au sein des ménages belges ? C’est ce que semble conclure une enquête menée sur la gestion de l’argent dans les couples.

Les chiffres de l’étude menée par l’observatoire de la vie à la maison (ILIV) sont assez déroutants. Réalisée auprès de plus de 4.000 Belges, l’enquête dévoile que 21% des personnes en couple ignorent le revenu de leur partenaire. 23% ne connaissent pas le montant de l’épargne de leur conjoint.

” C’est assez surprenant que l’argent soit encore un sujet tabou aujourd’hui. Les gens sont pourtant plus ouverts : ils n’hésitent pas, par exemple, à se rendre chez un psychologue pour dévoiler des aspects très intimes de leur vie “, explique Roselyne Tas, porte-parole d’Iliv, un institut de recherche spécialisé dans la vie à domicile, soutenu par le géant de l’ameublement IKEA. Ces chiffres pourraient s’expliquer, selon la porte-parole, en partie par l’évolution de la société : ” Dans les années 1950, la présence des femmes sur le marché du travail était faible. L’homme était en charge des finances du couple. Aujourd’hui, les choses ont évolué. Il est possible d’ouvrir un compte sans que son conjoint s’en aperçoive”.

Compte commun ou comptes séparés ?

Les résultats de l’enquête doivent toutefois être nuancés, estime Jan Van der Linden, psychologue au Centre Psychologique du Travail et de la Consommation de l’ULB : ” Ce chiffre de 21 % des personnes en couples qui ignorent le revenu de leur partenaire me semble très élevé. Je pense que les gens ont toujours une connaissance, même si elle n’est pas exacte à l’euro près, du montant que gagne leur partenaire. ”

Pour le psychologue, une bonne information est d’ailleurs un élément primordial dans la gestion de l’argent du couple. Un moyen efficace pour s’organiser est la création d’un compte commun pour toutes les dépenses quotidiennes. ” Mais il est important pour chaque partenaire de conserver un compte particulier pour ses dépenses personnelles, afin d’éviter les conflits “, ajoute Jan Van der Linden.

L’étude s’est également penchée sur la façon dont les couples remboursent leurs emprunts communs. La parité règne dans la majorité des ménages. 61% des couples remboursent des montants identiques, et ce même si leurs niveaux de revenus sont différents.

Les dépenses du couples ne sont cependant pas toujours séparées de manière claire. ” Monsieur peut par exemple effectuer des travaux à son compte dans la maison sans que cela ne se voie concrètement chez le notaire. Et si Madame s’occupe du ménage, cela n’est pas intégré dans les dépenses, pourtant cela évite de devoir faire appel à une femme de ménage “, pointe Jan Van der Linden.

Pour le psychologue de l’ULB, le remboursement équitable ou proportionnel sont deux systèmes qui se valent, pour autant qu’il n’y ait pas de frustration de la part d’un des deux partenaires : ” Chercher à tout prix à rembourser le même montant n’est pas toujours la solution. Des tas de facteurs entrent en jeu. L’équilibre du couple ne repose pas uniquement sur l’aspect financier. ”

Arnaud Martin (st.)

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