Trop exposées à la dette souveraine, les banques belges en danger

Le siège d'Axa Banque à Bruxelles. © Belga

Les banques belges sont championnes d’Europe de l’exposition au risque souverain, fait valoir le directeur des Études Économiques à l’IESEG School of Management (Lille), Eric Dor, dans une analyse adressée à l’agence Belga.

Sur base des données publiées fin octobre par l’Autorité bancaire européenne, il calcule que l’exposition nette des banques belges aux dettes souveraines s’élève à 424% de leurs fonds propres (CET1), de loin le taux le plus élevé de la zone euro.

Ce ratio est le plus élevé pour Axa Banque (625%), devant Dexia (528%), Belfius (459%), Argenta (430%) et KBC (315%). La composition de ces portefeuilles souverains varie également d’un établissement à l’autre: ainsi Dexia est-elle exposée à la dette belge pour à peine 4%, tandis que Belfius l’est pour 385%, Argenta pour 372%, Axa pour 315% et 182% pour KBC.

“Il est clair qu’en cas de problèmes sur la dette souveraine de la Belgique, les banques Belfius, Argenta, Axa et KBC seraient dans la tourmente. On peut remarquer également qu’une restructuration ‘à la grecque’ de la dette souveraine belge suffirait à effacer l’équivalent des fonds propres de ces banques, qui seraient même trop réduits pour absorber le choc chez certaines d’entre elle”, souligne Eric Dor.

Les titres les plus risqués restent toutefois ceux de la périphérie sud-européenne, estime-t-il. Le Portugal, l’Espagne ou l’Italie devront en effet dégager des excédents primaires pendant de très longues années pour seulement réussir à stabiliser leur dette. “On voit mal comment le corps social pourrait soutenir un tel effort”, explique-t-il à Belga.

“Dexia est excessivement exposé au risque de la dette italienne”

Sur ce front, “Dexia est excessivement exposé au risque de la dette italienne, pour 173% de ses fonds propres. Une restructuration de la dette italienne impliquerait mécaniquement la nécessité de recapitaliser Dexia aux frais des gouvernements belge et français. Il faut remarquer que Belfius est également très exposée au risque de la dette italienne, pour 55% de ses fonds propres. C’est également le cas pour Axa Banque, aussi pour presque 55% de ses fonds propres”.

L’exposition très élevée des banques belges s’explique par l’importance des dépôts dans le pays, qui ne trouvent pas de débouchés dans la demande de crédit des entreprises et des ménages. Dans ce contexte, les banques optent pour “une marge d’intermédiation facile” en investissant dans des titres toujours perçus comme relativement peu risqués, note l’économiste.

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