“Stress tests” des banques: les résultats à la loupe (graphique)

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Pour la cinquième fois depuis la crise financière de 2008, les grandes banques européennes viennent d’être testées pour vérifier si elles disposent de suffisamment de fonds propres pour surmonter un choc économique.

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C’est l’Autorité bancaire européenne (ABE) qui s’est chargée du travail. Fini le temps des autorités nationales qui avaient tendance à fermer les yeux sur certains problèmes de ” leurs ” banques. On se souviendra d’ailleurs de solides couacs. Exemple : le stress test de 2011 n’avait pas prédit la seconde culbute du groupe Dexia trois mois plus tard… Cette fois, l’affaire est jugée ” tout à fait crédible “. Les plus imposantes institutions ont été retenues : 51 au total, dont 37 de la zone euro. Le scénario est une contraction économique de trois ans.

Le calcul ? En très simplifié, l’ABE s’est penchée sur les fonds propres les plus purs des banques, ceux appelés CET1 (pour Commun Equity Tier 1). Elle les a rapportés aux actifs détenus, pondérés au préalable en fonction de leurs risques. Cela donne le ratio de solvabilité CET1. En début de période, les 51 banques en question affichaient un ratio moyen de 13,2 %. En fin de période, celui-ci reculerait à 9,4 %. C’est jugé acceptable. Le niveau minimum requis de CET1 est en effet de 4,5 %, auquel s’ajoute une série de ” coussins ” en fonction des établissements, ce qui peut porter l’addition finale entre 8 % et 10 %. Les situations varient toutefois considérablement d’une banque à l’autre.

Pour 37 d’entre elles, le recul des fonds propres suite au choc fictif est peu conséquent. Pour 13 autres, il est supérieur à 5 points de pourcentage. Pas idéal. Enfin, pour une banque, l’entièreté des fonds propres serait mangée et passerait en territoire négatif : c’est Monte dei Paschi, la troisième banque italienne. Celle-ci doit heureusement se délester de créances douteuses pour 9,2 milliards d’euros et se recapitaliser pour 5 milliards. Alors, que penser de l’exercice ? Selon Roland Gillet, professeur de Finance à la Sorbonne (Paris 1) et à Solvay (ULB), ” les banques européennes sont effectivement plus solides qu’en 2008. Beaucoup d’entre elles ont renforcé leurs capitaux propres, réduit leur bilan, diminué leur exposition aux produits structurés, resserré les conditions d’octroi des prêts… Leur surveillance a aussi été considérablement renforcée, notamment avec leur passage sous l’autorité de la Banque centrale européenne (BCE). La mise en place progressive de l’Union bancaire a déjà changé la donne. Ceci dit, un nouveau problème a surgi entre-temps : celui des taux d’intérêt très bas voire négatifs, renforcés par la politique monétaire expansionniste de la BCE pour tenter de relancer la croissance. Les taux bas réduisent drastiquement la rentabilité des banques et compagnies d’assurances. C’est assurément ‘le’ défi du secteur aujourd’hui “. Qui fait peser beaucoup d’incertitudes sur leur avenir. Raison pour laquelle les banques ont continué à être chahutées en Bourse dernièrement.

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