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‘Sans cash, qui empêchera un fisc omnipotent de se servir sur les comptes ?’

“Le cash n’existera plus en 2026”, dans dix ans donc. C’est en tout cas l’avis de John Cryan, le nouveau patron de la Deutsche Bank. Et il ne s’est pas privé de le dire au cours de la dernière édition du Forum de Davos, cette réunion annuelle des grands patrons de ce monde.

À vrai dire, John Cryan n’est pas le premier à souhaiter la suppression du cash de nos sociétés et à le dire haut et fort. Des économistes distingués et des consultants pensent également que ce serait une excellente chose. Outre les problèmes liés au cash, comme ses coûts de production, de stockage ou pour éviter la contrefaçon, le liquide serait également à l’origine du blanchiment d’argent sale. Bref, pour toutes ces raisons, c’est un peu “haro sur le cash” depuis ces deux dernières années.

D’ailleurs les gouvernements font tout pour décourager leurs citoyens d’utiliser le cash. En Belgique, il est interdit de payer quoique ce soit par cash au-delà de 3.000 euros. Et le gouvernement français, toujours excessif dans ses démarches, a même abaissé la barre à 1.000 euros, autant dire, rien.

Encore une fois, ce débat qui semble anodin est pourtant potentiellement dangereux pour le citoyen. L’argument de la lutte contre le crime, le blanchiment d’argent sale, le terrorisme ou la fraude fiscale ne suffit pas à justifier la disparition programmée du cash. Après tout, comme l’écrit si bien l’analyste financière Simone Wapler, les trafiquants, criminels et autres terroristes utilisent aussi les routes et l’éclairage public, et on ne les supprime pas pour autant !

Le débat sur la disparition du cash ne doit pas être confisqué par les banques commerciales. Elles ont tout à y gagner…

Quant à la suppression du cash, elle est dangereuse, car elle signifie que toute notre épargne sera dématérialisée. Autrement dit, le jour où nos avoirs, épargne, livrets, comptes, déclarations d’impôt, prélèvements automatiques, facturations, numéros de compte, allocations, salaires et dépenses de santé seront en ligne, et de plus en plus corrélés, qui empêchera un État malveillant ou un fisc omnipotent de bloquer d’un seul “clic” tous ces comptes ? Bonne question en effet !

Les Suisses, qui sont des gens raisonnables, ont la chance d’avoir un journal sérieux, Le Temps, qui a publié une tribune expliquant que la suppression du cash est… immorale ! Rien que cela ! Et ce n’est pas faux. Il est juste de dire qu’une société sans cash est immorale, car la propriété de l’individu est entièrement soumise et prisonnière d’un système dirigiste de contrôle, de prédation et de spoliation. Nous avons encore la chance de vivre dans des démocraties, mais ces démocraties sont sans le sou, et on l’a vu à Chypre, lorsque les caisses sont vides, on vient se servir sur les comptes des épargnants.

Et sans cash, ce sera infiniment plus facile. Il suffira de transférer le montant d’un clic vers les comptes de l’État. Le débat sur le cash ne doit pas être confisqué par les banques commerciales qui ont tout à y gagner. Ce débat doit venir sur la place publique avant qu’il ne soit trop tard.

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