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Qui a fomenté le krach boursier de cet été ?

Je ne suis pas très fan des théories du complot, mais celle-ci, qui s’interroge sur les véritables raisons du krach boursier de cet été, est particulièrement interpellante.

En politique et en géopolitique, ces théories pullulent et ne sont souvent pas très fondées. Le plus étonnant, c’est qu’en Bourse également, il y a parfois des théories du même genre pour expliquer une hausse continue ou anormale des cours, surtout si cette hausse n’est pas justifiée. Mais ce qui m’a intéressé, c’est l’avis de Charles Hugh Smith, un analyste financier américain, qui écrit noir sur blanc, dans une lettre d’information boursière (1), qu’il se demande si le krach boursier de cet été n’a pas été fabriqué de toutes pièces !

Pour justifier cette théorie du complot, il aligne plusieurs arguments: le premier, c’est qu’il constate que l’indice de la volatilité, ce qu’on appelle l’indice de la peur, a atteint le seuil des 50, alors que ce seuil est généralement associé à des chutes de cours de 20% ou plus (or, c’est là le double de la chute réelle enregistrée cet été). C’est déjà, selon cet analyste américain, une première bizarrerie.

Même méfiance à l’égard de la raison officielle du déclenchement de la crise, à savoir la dévaluation de la monnaie chinoise. Là encore, notre expert ne croit pas que cette dévaluation était à ce point inattendue. Pire encore, cette dévaluation était en quelque sorte prévisible… Donc, pour lui, cet argument pour justifier le début du krach “sonne faux”.

Si tout le monde est d’accord pour dire que les marchés haussiers sont indirectement manipulés, pourquoi en serait-il autrement lorsque ces marchés sont fortement à la baisse ?

Il a d’autres arguments pour justifier sa position, mais ce qui est intéressant, c’est de savoir – si sa théorie du complot est juste – qui aurait alors intérêt à manipuler les marchés financiers et à les envoyer à des niveaux aussi bas ? Là encore, notre amateur de théories du complot en épingle plusieurs, dont une qui, je le reconnais, revient sous la plume d’autres confrères: le krach de cet été a été mis en oeuvre pour offrir une opportunité d’achat aux initiés. Je le cite: “lorsque les gains faciles se font rares, quel meilleur moyen de gagner rapidement 10% que de mettre au point un ‘krach’, de ramasser les actions abandonnées par les petits boursicoteurs paniqués (…) puis d’inverser le ‘krach’ par une série de bonnes nouvelles ?”.

Au fond, la conviction de cet expert – et il n’est pas le seul – c’est que le marché haussier que nous avons connu en Bourse, aux États-Unis notamment, est un marché manipulé en quelque sorte par les banques centrales. Et c’est vrai qu’en imposant des taux d’intérêt qui frôlent le 0% et en rendant toutes les autres formes de placement inintéressantes, les banques centrales ont forcé l’épargnant à acheter des actions qui, dans bien des cas, ne pouvaient que partir à la hausse, faute d’alternative. Ce que cet expert se dit donc, c’est: si tout le monde ou presque est d’accord pour dire que les marchés haussiers sont indirectement manipulés, pourquoi en serait-il autrement lorsque ces marchés sont fortement à la baisse ? Voilà un beau sujet de discussion pour ce week-end.

(1)La quotidienne de la croissance (Agora), un krach tout aussi manipulé que le reste, 4 septembre 2015

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