Pourquoi les Américains ne veulent plus d’Andrew Jackson sur leurs billets de banque?

© Wikicommons

George Washington, Abraham Lincoln ou Benjamin Franklin font partie des élus dont le visage figure sur les billets de banque américains. Mais il en est un qui soulève des débats: Andrew Jackson.

Cela fait 87 ans que le visage d’Andrew Jackson, septième président des États-Unis, figure sur les billets de vingt dollars. Né en 1767, il est décrit sur le site officiel de la Maison-Blanche comme un “remarquable (…) avocat” et un homme impétueux. Un avis que tous ne partagent pas.

Eleanor Roosevelt contre Andrew Jackson

Il y a quelques mois, un collectif du nom de Women On 20s lançait ainsi une campagne pour remplacer ce cher Andrew par une femme. Entre Rosa Parks, Susan B. Anthony, Harriet Tubman et onze autres grandes figures des États-Unis, le public avait finalement choisi qu’il s’agirait d’Eleanor Roosevelt. L’idée était de la voir figurer sur les billets de 20 dollars d’ici 2020, l’année du centenaire de la légalisation du droit de vote des femmes.

Ils seraient de plus en plus nombreux à critiquer la mise en avant d’Andrew Jackson. Et ce, pas seulement parce que c’est un homme… Sur Business Insider, un journaliste raconte : “après avoir lu la nouvelle biographique ‘Jacksonland’ de Steve Inskeep, je pense qu’Obama devrait sérieusement considérer la requête de remplacer Jackson“. Ces critiques sont surtout dues à l’implication de ce dernier dans l’expulsion forcée et l’extermination de milliers d’Amérindiens.

Pour comprendre ceci, revenons un peu en arrière… Andrew Jackson a grandi dans un milieu modeste. De la fabrication de selles pour chevaux, il devient soldat, général, puis finit par être élu président de la République et fonde le Parti Démocrate. Lui qui n’apprécie guère les grandes institutions bancaires dépense une bonne partie de son énergie à lutter contre la corruption qui les gangrène. Pas de quoi le détester pour l’instant, d’après l’auteur de l’article. Si l’on s’arrête à cette description, Andrew Jackson apparaît en effet comme un “président cool (…), les pieds sur terre, fier, fougueux et vigoureux“.

Entre spéculation immobilière et meurtres de masse

Seulement voilà, le septième président possède une facette bien plus sombre. Il détient personnellement des centaines et des centaines d’esclaves, fait exécuter les soldats qui quittent leur poste sans hésitation et expulse et/ou tue des milliers de natifs. Le journaliste de Business Insider dit avoir récemment découvert de nouveaux détails sordides sur cette “expropriation massive“.

Elle commence, raconte-t-il, alors qu’Andrew Jackson n’a que 27 ans. Il monte alors avec l’aide d’un ami un business dans l’immobilier, qui profite de l’établissement illégal des blancs sur le territoire des natifs. Ils achètent ces terres et les revendent, sans tenir compte des Traités établis par ces derniers des décennies plus tôt.

Plus tard, sous sa casquette de général militaire, il laisse ses propres soldats assassiner 800 Indiens à coups de mitraillettes. Pour se donner bonne conscience, il adopte un enfant, devenu orphelin après cette bataille.

Il bafoue ensuite à nouveau les Traités, demandant toujours plus de terres, en brandissant régulièrement la menace d’une expropriation de plus. Là encore, il les divise en parcelles, et les revend en toute illégalité. Sa folie spéculative le poussera même à risquer une guerre contre l’Espagne, qui détient une partie de la Floride, en 1818.

Les tribus autochtones multiplient les supplications auprès d’Andrew Jackson, qui aurait expulsé durant ses deux mandats pas moins de 45 000 personnes. Sans succès. Ce dernier signe l’Indian Removal Act, bien décidé à l’appliquer, même s’il doit utiliser la force pour cela. Ceux qui ne prennent pas ses menaces au sérieux voient leurs maisons pillées, puis brûlées, les cimetières de leur village retournés pour récupérer l’argent enterré avec les morts. 2000 d’entre eux furent ensuite emmenés vers des camps de détention, à pied, durant un été de sécheresse. Ils y restèrent plusieurs mois, jusqu’à mourir, de privation d’eau, de nourriture ou de diverses maladies.

Pour toutes ces raisons, Women On 20s compte bien continuer à se battre pour qu’Andrew Jackson cède sa place sur les billets de banque. Le collectif n’hésite d’ailleurs pas à dénoncer la double absurdité du billet, arguant que le septième président était aussi un “fervent opposant au système de la banque centrale, et favorisait les pièces en or et en argent (…) sur la monnaie-papier“. Un “choix {d’autant plus} ironique“, estime-t-il… Le 12 mai dernier, Barack Obama a reçu de leur part une pétition. S’il choisit d’en tenir compte, il faudra certainement un temps pour éliminer les 8 milliards de billets de vingt dollars qui seraient en circulation d’après la Réserve Fédérale Américaine

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