Paradise Papers: quand l’aide au développement passe par les places offshores

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Par la passé déjà, l’Etat belge avait investi dans des offshores…

La Belgique serait-elle schizophrène ou très hypocrite ? D’un côté, notre pays milite, au sein de l’Union européenne ou de l’OCDE, pour une plus grande transparence fiscale et une meilleure taxation des revenus internationaux. De l’autre, il investit dans des offshores !

Une des dernières révélations des “Paradise Papers” jette en effet une lumière trouble sur la SBI (Société belge d’investissement international) dont le capital est détenu à 63% par l’Etat belge et à 37% par la Banque nationale). La SBI détiendrait des participations dans des fonds localisés dans les Iles Vierges britanniques, toujours considérées comme paradis fiscal. Plus précisément, la SBI aurait une participation dans une société immatriculée aux Iles Vierges, Infra Asia Development (Vietnam) Limited, par laquelle elle a investi, avec l’assureur américain AIG, dans la construction d’un port au Vietnam. AIG s’est entretemps retiré, mais notre pays reste actionnaire du projet.

Rien d’illégal à priori dans ce montage, sinon l’usage d’une société logée dans une juridiction considérée par la Belgique elle-même comme un paradis fiscal placé sur “liste noire”.

“Sur le plan éthique, ce n’est pas acceptable”, a réagi sur les ondes de la radio flamande VRT le ministre des Finances Johan Van Overtveldt qui attend cependant un complément d’information.

Un exemple parmi d’autres

Pourtant, cet exemple est loin d’être un cas isolé. De nombreuses autorités publiques utilisent des juridictions offshores sulfureuses pour faire des affaires dans des pays exotiques.

On se souvient qu’il y a six ans, le CNCD avait fustigé le fait que les financements de la coopération au développement passaient très souvent par des sociétés offshore et indiquait que BIO, la société de financement qui dépend du ministère belge de la coopération faisait partie de ces vilains canards.

En 2012, un article du Soir révélait d’ailleurs que BIO avait placé 150 millions d’euros d’aide au développement dans des fonds offshores (logés aux Bahamas, à l’Ile Maurice ou dans les iles anglo-normandes) qui investissaient dans des entreprises dont l’objet était parfois problématique (par exemple, la construction d’un palace à Lagos ou d’une clinique privée en Tunisie…).

Depuis, BIO a assuré avoir revu ses standards et ne participent plus à des projets de ce genre.

Il reste que paradis fiscal et aide au développement font généralement bon ménage. Une autre ONG, Oxfam, assure qu’en 2015, 55 entreprises (soit les trois quarts des entreprises concernées) qui avaient reçu ayant des prêts de la Banque mondiale destinés à financer des projets de développement en Afrique subsaharienne avaient fait transiter ces fonds transiter par des paradis fiscaux, et principalement l’Ile Maurice, permettant de bénéficier d’incitants fiscaux substantiels.

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