Panama Papers: 332 entités belges clairement identifiées

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Sur les quelque 850 entités belges citées dans les Panama Papers, la police fédérale en a clairement identifié, jusqu’à présent, 332.

Parmi celles-ci figurent 55 intermédiaires, qui ont facilité la mise en place du système, les autres en étant des bénéficiaires, a indiqué Patrick Ludinant, le directeur de la DJSOC, la direction de la lutte contre la criminalité lourde et organisée au sein de la police fédérale, lors de son audition, mardi, devant la commission spéciale de la Chambre consacrée au scandale financier panaméen.

Si aucun PV n’a été dressé à l’encontre de ces entités identifiées, des fiches ont été rédigées et transmises aux magistrats des arrondissements qui devront décider des suites à donner. Des poursuites restent cependant incertaines puisque la justice ne dispose que de documents et d’informations venant d’internet, a expliqué le responsable selon qui “il semble toutefois que la volonté existe de faire quelque chose”.

“Au total, 993 heures ont déjà été consacrées aux Panama Papers par l’OCDEFO, l’office central de la lutte contre la délinquance économique et financière, mais aussi par les services de police dans les différents arrondissements où des enquêtes sont en route”, a poursuivi Patrick Ludinant.

Selon ce dernier, l’OCDEFO – que la direction de la police fédérale a voulu démanteler avant que le gouvernement ne décide finalement, en 2015, de sa déconcentration vers les arrondissements judiciaires – a mené, en 2015, un total de 35 enquêtes qui ont conduit à cinq arrestations et à une saisie de 20 millions d’euros. En 2016, 10 arrestations ont déjà été enregistrées dans le cadre de 28 enquêtes et quelque 240 millions d’euros ont été saisis. “Mais ce ne sont que des saisies policières. Pour que cet argent rentre dans les caisses de l’Etat, un juge doit se prononcer sur la confiscation”, a précisé le responsable en regrettant par ailleurs le manque d’accès de ses services à des banques de données pertinentes.

“Nous n’avons pas de banque de données financières et économiques. Nous avons avancé différentes propositions qui nous permettraient d’avoir accès à d’autres banques de données, notamment du SPF Finances dont les bureaux se trouvent à 40 mètres des nôtres, et de croiser les informations mais les dossiers n’avancent pas.” Quant à la possibilité de disposer de logiciels permettant de traiter des milliers de données, comme ceux utilisés par les journalistes du consortium à l’origine des Panama Papers, c’est financièrement impossible, a regretté Patrick Ludinant.

Ses services sont également confrontés à l’ardoise d’un million d’euros que le SPF Finances a présentée pour les 16 fiscalistes travaillant pour la police fédérale, un “service” payant – 250.000 euros par trimestre – depuis le 1er janvier de cette année.

Autre tuile: sur les 16 enquêteurs attitrés de l’OCDEFO, qui ne traite désormais plus des dossiers de blanchiment, cinq ont quitté le navire pour d’autres unités de la police et “la moyenne d’âge est particulièrement élevée dans nos services”.

Des difficultés auxquelles doit également faire face la justice, a souligné le juge d’instruction anversois Christian Van Wambeke, lui aussi entendu mardi après-midi par la commission Panama Papers. “A Anvers, il n’y a aucun juge spécialisé dans les matières écofin. Nous travaillons en alternance et ces dossiers sont traités en sus du reste de notre travail”, a-t-il expliqué en pointant particulièrement les difficultés liées à l’aspect international de ces enquêtes. “Nous vivons dans un village et ce type d’affaires franchit vite les frontières”, a-t-il confié en plaidant pour davantage de collaboration pénale internationale.

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