Les autorités suisses “en contact” avec les initiateurs du projet Libra

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Le gendarme des marchés financiers en Suisse, la Finma, a indiqué jeudi “être en contact” avec les initiateurs du projet Libra, la monnaie virtuelle avec laquelle Facebook entend bouleverser le système financier mondial, et dont le siège se trouve à Genève.

“Notre rôle est d’évaluer ces projets du point de vue de la surveillance suisse. Il s’agit de déterminer si les services prévus doivent être autorisés en vertu du droit suisse de surveillance et, dans l’affirmative, quel type d’autorisation sera nécessaire”, a déclaré à l’AFP un porte-parole de la Finma, Tobias Lux. “Nous sommes en contact avec les initiateurs du projet”, a-t-il dit.

Facebook a dévoilé cette semaine sa monnaie virtuelle, confiant la gouvernance de Libra à une entité indépendante, l’association Libra, basée à Genève (Suisse) et composée d’entreprises comme Mastercard et Visa (cartes bancaires) ou PayPal (système de paiement).

Libra doit offrir à partir de courant 2020 un nouveau mode de paiement en dehors des circuits bancaires traditionnels: elle se veut la pierre angulaire d’un nouvel écosystème, affranchi de la barrière des différentes devises, un outil susceptible d’intéresser notamment les exclus du système bancaire, dans les pays émergents par exemple.

Ces ambitions ont suscité une certaine inquiétude du côté des autorités. D’autant que cette monnaie sera un objet hybride, à la fois adossé à un panier de devises traditionnelles mais aussi des obligations d’Etat, créant une sorte de zone inconnue pour les régulateurs.

Le ministre français des Finances Bruno Le Maire a estimé que Libra ne pouvait pas devenir “une monnaie souveraine”, tandis que le gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE), Mark Carney, a mis en garde: en cas de succès de Libra, cela “deviendra instantanément systémique et devra être soumis aux meilleures normes de régulation”.

Aux Etats-Unis, le comité des banques, du logement et des affaires urbaines a annoncé mercredi qu’il prévoyait une audience au sujet du projet de monnaie numérique de Facebook, à la mi-juillet.

A Genève, les autorités régionales se réjouissent elles de l’arrivée de Libra. C’est “une excellente nouvelle”, a réagi le chef du département économique du canton de Genève, Pierre Maudet, auprès de l’agence suisse AWP.

L’association Libra a mis en avant la “neutralité” de la Suisse, ainsi que son “ouverture à la technologie blockchain” (ou chaîne de blocs), un protocole informatique permettant à une communauté d’utilisateurs de tenir en ligne une sorte de grand registre commun, infalsifiable.

La Suisse, une des principales places financières mondiales, surfe depuis quelques années sur l’essor des cryptomonnaies, incitant les entreprises actives dans le secteur à venir s’y implanter, notamment à Genève et à Zoug, surnommée la “crypto-vallée”.

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