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Le pétrole, un bouc émissaire pour rassurer l’épargnant paniqué?

Si toutes les Bourses dégringolent depuis début janvier, c’est la faute au pétrole. En clair, tous les experts le disent : s’il y a un crash boursier, c’est parce qu’il y a un crash pétrolier ! Est-ce vrai ? Le pétrole n’est-il pas un bouc émissaire facile pour cacher d’autres choses?

Les personnes qui ont acheté des actions pour doper le rendement de leur épargne souffrent le martyr en ce moment. Sur le plan boursier, ce mois de janvier a été l’un des pires de l’histoire boursière. Les conseillers bancaires sont d’ailleurs suspendus à leur téléphone pour rassurer leurs clients comme ils le peuvent. Le coupable désigné pour expliquer cette débâcle boursière, c’est le pétrole. L’or noir est devenu aujourd’hui le principal bouc émissaire pour justifier la dégringolade des Bourses mondiales. Chaque jour des spécialistes expliquent pourquoi il baisse, le lendemain, ces mêmes spécialistes nous expliquent à nouveau pourquoi il continue de baisser et le surlendemain, rebelote, on nous explique doctement pourquoi il baisse encore plus.

Ensuite, on varie un peu le scénario : les mêmes experts nous expliquent que c’est à cause de la baisse du pétrole que la Russie est entrée en récession. Comme si cela ne suffisait pas, ces mêmes experts ajoutent que même l’Arabie Saoudite est au fond du puits et doit emprunter comme un vulgaire pays du tiers monde pour financer son premier déficit budgétaire ! Ce n’est pas tout : les mêmes commentateurs prédisent que l’Iran, maintenant que les sanctions internationales sont levées sur ce pays, pourrait noyer le marché sous une nouvelle marée noire.

S’il y a un crash boursier, c’est d’abord parce qu’il y a un crash pétrolier. Mais ne faudrait-il pas cesser de prendre le pétrole comme bouc émissaire ?

Dans ces conditions, il est normal que les grandes sociétés actives dans le secteur pétrolier broient du noir. Traduction, il est normal que leurs cours aient chuté brutalement en Bourse. Résultat des courses : votre conseiller bancaire aura sans doute ajouté qu’il faut désormais se méfier des actions bancaires américaines. Pourquoi ? Parce qu’elles ont prêté beaucoup d’argent à des sociétés qui exploitaient le gaz de schiste aux Etats-Unis. Or, l’exploitation de ce gaz de schiste n’est plus rentable au cours actuel du baril de pétrole. Ces sociétés font faillite les unes après les autres, et cela plombe évidemment le bilan des banques américaines qui n’ont pas été trop regardantes pour leur prêter de l’argent.

En résumé, s’il y a un crash boursier, c’est d’abord parce qu’il y a un crash pétrolier. Mais ne faudrait-il pas cesser de prendre le pétrole comme bouc émissaire ? C’est la thèse de la lettre d’information Inside Agora qui rappelle que l’or noir avait fortement baissé, il y a un an et demi et à l’époque la Bourse se portait très bien. Cette bonne santé boursière a même tenu le coup jusqu’en août dernier, ce qui prouve bien que si le pétrole a une influence sur nos économies, il est clair qu’aujourd’hui, on lui fait porter une responsabilité qui n’est pas entièrement la sienne. Pourquoi ? Parce que cela évite de poser des questions embarrassantes sur la dette colossale des Etats, sur la situation fragile des banques commerciales, et sur la politique désastreuse des banques centrales. Il faut un coupable pour rassurer l’épargnant paniqué et aujourd’hui, c’est le pétrole !

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