Le cauchemar des banques italiennes doit-il nous empêcher de dormir ?

Banca Monte dei Paschi © AFP

Le secteur bancaire italien est au bord du gouffre. Ses centaines de milliards de créances douteuses dégagent un parfum de 2008…

La situation des banques italiennes s’aggrave de jour en jour. Les cours des établissements bancaires du pays chutent. Les rumeurs d’un sauvetage de Banca Monte dei Paschi, plus ancienne banque de la péninsule, se multiplient. En cause, des crédits douteux de l’ensemble du secteur bancaire italien qui dépasseraient les 350 milliards d’euros, soit 20 % du PIB du pays.

Conséquence du Brexit

Le vote en faveur du Brexit n’est pas étranger à cette déroute du déjà très fragile secteur financier italien, qui a perdu 30 % en Bourse depuis le résultat du référendum. “Les banques italiennes sont confrontées à un problème structurel de créances douteuses insuffisamment provisionnés et donc à des besoins de recapitalisation de l’ordre de 30 à 40 milliards d’euros, explique Bruno Colmant, directeur de la recherche chez Degroof Petercam. Ce problème est aggravé par les taux bas qui réduisent la marge d’intermédiation des banques. Ces taux bas sont eux-mêmes une conséquence partielle du Brexit. Il ne faut absolument pas sous-estimer ce problème qui entraîne un risque sectoriel lui-même aggravé par la faiblesse en capitaux propres de Deutsche Bank. Ce risque est souligné par le FMI”, observe-t-il.

Un autre élément vient alimenter les craintes auprès des investisseurs, jusqu’à faire resurgir le spectre d’une catastrophe bancaire comparable à celle de 2008, lorsque tomba la grande banque d’investissement américaine Lehman Brothers. Trois fonds immobiliers britanniques (Aviva, Standard Life et M&G) viennent en effet, à deux jours d’intervalle, d’être gelés.

Effet domino ?

De quoi rappeler effectivement les heures sombres de la crise de 2008 et sa contagion à l’ensemble des places boursières. Mais doit-on vraiment craindre une contamination du même genre aujourd’hui ? Economiste à la banque KBC, Koen De Leus se veut rassurant. Selon lui, les problèmes du secteur immobilier britannique et des banques italiennes sont circonscrits aux pays concernés, c’est-à-dire la Grande-Bretagne et à l’Italie. “En 2008, nombreuses étaient les banques qui avaient des fonds investis dans l’immobilier américain, un marché par ailleurs beaucoup plus important que ne l’est le marché immobilier britannique. La situation est dangereuse pour certaines banques britanniques mais certainement pas pour l’ensemble des banques européennes. Pour ce qui est de l’Italie, c’est aussi un problème local. Il n’y a pas autant de créances douteuses dans les autres pays européens et dans les autres banques de la zone euro. Enfin, les réserves en capitaux propres des banques de la zone euro sont beaucoup plus élevées qu’en 2008. La situation est différente.”

Bruno Colmant ajoute que le risque de contamination ne se présenterait que si, en cas de difficulté, les Etats n’intervenaient pas. “Et c’est là que se situe le véritable problème puisque la vision étatique et réglementaire a été modifiée depuis la crise de 2008, dit-il. Désormais, il est prévu qu’une déconfiture bancaire soit partiellement supportée par les déposants (Ndlr, bail-in par opposition au bail-out, c’est-à-dire le renflouement d’une banque par les pouvoirs publiques). C’est bien sûr inimaginable pour une banque importante. Un risque de contamination sera donc évité par les Etats.”

N’empêche: “l’été s’annonce long et chaud en Bourse”, conclut Koen De Leus.

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