La Suisse plus que jamais coffre-fort de l’Europe

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C’est ce que révèle une étude de l’agence de notation Standard & Poor’s, analysant le “recyclage” des capitaux fuyant la périphérie de la zone euro vers ses pays “coeur” par l’intermédiaire de la banque centrale suisse.

Depuis le début de la crise financière, les craintes quant à la pérennité de la zone euro provoquent un afflux de capitaux vers la Suisse. De légèrement exportateur de capital, le pays est devenu un gros importateur net. Jusqu’ici rien de vraiment nouveau. En revanche, ce qu’on sait moins c’est que “cet afflux de capital provient pour une bonne part des pays dits périphériques de la zone euro et est en grande partie recyclé dans des obligations émises par les pays les mieux notés du coeur de la zone”, affirme Standard & Poor’s dans récente une étude intitulée How the Swiss National Bank is driving down yields for the eurozone core.

Depuis 2008, explique l’agence de notation, les banques commerciales suisses engrangent un afflux de dépôts de non-résidents (représentant 8 % du PIB suisse en 2008, et 24 % en 2009). Après une décrue en 2010 et 2011, ces entrées de capital représenteraient environ 7 % du PIB au 1er trimestre de 2012. Toujours selon Standard & Poor’s, “cet afflux de capital provient pour une bonne part des pays dits périphériques de la zone euro et, en raison de la politique de gestion des réserves de la Banque Nationale Suisse, ces capitaux sont en grande partie recyclés dans des obligations émises par les pays les mieux notés du coeur de la zone”, contribuant ainsi grandement à la baisse des taux des obligations des grands souverains de la zone euro depuis le début de 2012. Sur la base des données publiées par la banque centrale suisse fin juin 2012, 44 % environ des réserves de change, estime S & P, sont actuellement investies dans des obligations souveraines de la zone euro notées “AAA” par au moins deux des principales agences de notation, et au moins “AA+” par une troisième, contre 36 % environ en 2011.

Bien sûr, la banque centrale suisse ne révèle pas le détail de ses actifs par émetteur, mais S & P estime qu’elle aurait acquis environ 60 milliards d’euros d’obligations souveraines des pays du coeur de la zone euro au cours du 1er semestre de 2012. Ceci équivaut à 38 % environ du déficit cumulé attendu pour 2012 de l’Allemagne, de la France, des Pays-Bas, de la Finlande et de l’Autriche, contre environ 9 % de leur déficit cumulé estimé pour 2011.

Tout ceci, note encore Standard & Poor’s, se traduit par une augmentation sans précédent des réserves de change détenues par la Banque Nationale Suisse. Celles-ci qui représentent 79 % du PIB suisse mi-2012, contre 15 % mi-2008. Avec comme conséquence, un solide renchérissement du franc suisse. Entre août 2008 et août 2011, le taux de change nominal effectif s’est apprécié de 36 %, faisant du franc suisse la monnaie de loin la plus forte du G10.

Sébastien Buron

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