La relance des rachats d’actifs très contestée au sein de la BCE

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La réactivation jeudi des rachats de dette de la Banque centrale européenne a fortement divisé son conseil des gouverneurs, signe des doutes entourant ce puissant programme anticrise déjà utilisé entre 2015 et 2018, a appris vendredi l’AFP.

Si une poignée des 25 membres de cette instance avaient publiquement exprimé leurs réserves, ils sont “une dizaine” à avoir plaidé contre la reprise de ce programme dans le secret des délibérations tenues jeudi, selon une source proche de l’Eurosystème.

De source proche de la Banque centrale européenne, on affirme toutefois que ce chiffrage devrait être “divisé par deux”, alors que le président Mario Draghi s’est borné à évoquer jeudi “une diversité de points de vue” sur ce sujet.

Finalement, avait assuré le banquier italien, le consensus sur l’ensemble des mesures décidées – intégrant aussi une baisse de taux – “était si large qu’il n’y avait pas besoin de voter”, formule qui garde dans le flou l’ampleur de l’opposition.

Parmi les récalcitrants identifiés par la source proche de l’Eurosystème, figurent les partisans habituels d’une politique monétaire plus stricte, dont le patron de la Bundesbank Jens Weidmann, mais aussi des soutiens traditionnels de M. Draghi: le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, et de manière encore plus inédite un autre Français, Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE et fin connaisseur des marchés.

Le site du “Spiegel” évoque même vendredi “près d’une douzaine” de frondeurs, ce qui serait du jamais vu en vingt ans de politique monétaire en zone euro.

Avant la réunion de jeudi, un comité d’experts au sein de la BCE chargé de faire des recommandations sur la politique monétaire avait déjà “rejeté l’idée d’une relance des rachats de dette”, a ajouté la source proche de l’eurosystème.

Ce comité, dont les travaux restent confidentiels, a estimé qu’une telle mesure n’aurait qu’un “bénéfice limité” et qu’elle serait à garder pour des “temps plus difficiles”, a expliqué la source proche de l’Eurosysteme.

Contacté, un haut responsable à la BCE a dit ne “pas souhaiter commenter les travaux de comités internes”.

La Banque centrale européenne a annoncé jeudi, parmi un paquet de mesures destinées à relancer la conjoncture poussive en zone euro, la reprise au 1er novembre de ses rachats d’obligations publiques et privées, à un rythme mensuel de 20 milliards d’euros et sans limitation de durée.

L’institut monétaire avait déjà déversé par ce biais quelque 2.600 milliards d’euros sur les marchés entre mars 2015 et décembre 2018, pour favoriser la distribution du crédit dans l’économie.

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