La recapitalisation de Dexia va plomber les comptes de la Belgique

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La recapitalisation de Dexia doit être comptabilisée dans le déficit belge 2012. Ainsi en a décidé mardi le Comité européen des statistiques monétaires, financières et de balance des paiements (CMFB) sur une proposition d’Eurostat.

En octobre dernier, juste après la décision franco-belge d’injecter 5 milliards d’euros dans Dexia, la Belgique a demandé à Eurostat l’autorisation de comptabiliser sa part (2,9 milliards) comme une transaction financière.

En maintenant Dexia hors budget, le gouvernement parvenait de justesse à respecter son engagement de garder le déficit sous la barre des 3% du PIB.

Mais pour Eurostat, même si la recapitalisation est conforme aux règles européennes sur les aides d’État, le retour sur investissement est insuffisant pour la classifier comme une transaction. Elle doit donc être comptabilisée dans le déficit.

Après un premier avis négatif, la Belgique en a référé au CFMB, qui vient de confirmer à une large majorité l’opinion du bureau européen de statistique.

La décision européenne n’aura pas d’influence sur la trajectoire budgétaire

La décision imposée par les instances européennes de statistique de prendre en compte la recapitalisation de Dexia dans le déficit de 2012 n’aura pas d’influence sur la trajectoire budgétaire, selon Etienne de Callataÿ, économiste en chef à la banque Degroof.

“Cette décision est parfaitement compréhensible”, a-t-il indiqué, mais elle “ne changera rien” à la confection du budget 2013. Il ne croit pas non plus à une sanction européenne parce que le déficit dépasserait la barre de 3% du PIB. “Il ne s’agit pas d’un investissement et la recapitalisation doit donc être assimilée à une dépense courante”, a commenté M. de Callataÿ. “Heureusement qu’une organisation comptable européenne veille à ce qu’il y ait un début d’orthodoxie comptable”, s’est-il réjoui. “Je trouverais lamentable qu’on vienne critiquer des techniciens statisticiens européens qui font bien leur travail.”

L’économiste ne pense toutefois pas que cette correction comptable affectera les perspectives économiques, car la recapitalisation de Dexia figurait déjà dans la dette belge de 2012. Cela ne changera rien non plus à la confection du budget 2013, ni n’entraînera de nouvelles mesures, selon M. de Callataÿ.

Quant à une éventuelle sanction financière européenne de 0,2% du PIB car la Belgique n’aurait pas respecté son engagement de garder le déficit sous la barre des 3% du PIB, l’économiste n’y croit pas. “Le non-respect des 3% n’est dans ce cas pas dû à une mauvaise gestion en 2012 mais avant, lors de la débâcle de Dexia. Économiquement, il ne s’agit pas de dépenses qui ont eu lieu en 2012.”

“Une amende n’a pas de logique si c’est lié à l’affaire Dexia. Par contre, indépendamment de Dexia, il est possible que la situation du PIB soit revue à la baisse, ce qui pourrait dès lors amener l’Europe à infliger une sanction financière à la Belgique”, a conclu M. de Callataÿ.

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