La fin du billet de 500 euros ?

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La Banque centrale européenne (BCE) doit décider mercredi du sort du billet de 500 euros, accusé de faire le jeu des trafiquants de tout poil, mais dont la probable disparation sucite l’ire de certains pays, dont l’Allemagne.

De couleur pourpre et légèrement plus grand que ses petits frères, le billet de 500 euros sera au menu d’une réunion dans l’après-midi du conseil des gouverneurs de la BCE, a déclaré à l’AFP un porte-parole de l’institution monétaire.

Sauf surprise, l’institution monétaire devrait décider de mettre un terme à toute nouvelle émission de cette coupure, accusée de permettre de transporter discrètement d’énormes montants et de faciliter ainsi la circulation d’argent sale, la corruption et le financement d’activités illégales.

“Le billet de 500 euros est plus utilisé pour dissimuler que pour acheter”, avait affirmé mi-février le ministre français des Finances Michel Sapin.

Cette décision est attendue alors que l’UE a décidé de renforcer son action de lutte contre le financement du terrorisme, sous pression notamment de la France. La Commission européenne avait indiqué début février vouloir “travailler avec la BCE et toutes les parties concernées pour voir si une action spécifique à ce sujet (était) nécessaire”.

La possible disparition de cette coupure est toutefois vue d’un mauvais oeil par un certain nombre de pays, dont l’Allemagne et l’Autriche, qui craignent que cette décision ne soit qu’une première étape vers la disparition totale de l’argent physique et l’avènement d’une société surveillée où toute transaction financière serait exposée au regard indiscret des autorités.

Dans la plupart des autres pays de la zone euro, cette question semble laisser observateurs et populations largement indifférents.

Les “Ben Laden” – surnom donné aux billets de 500 euros, dont tout le monde parle mais que personne n’a jamais vus – représentent seulement 3% du nombre de billets en euros en circulation mais 28% de leur valeur cumulée, selon les statistiques de la BCE.

Plusieurs experts ont émis des réserves sur l’efficacité de la mesure dans la lutte contre la criminalité. “Les représentants du crime organisé ne sont pas idiots, le blanchiment d’argent se fait depuis longtemps essentiellement par le biais d’entreprises fictives, et de manière dématérialisée”, déclarait ainsi récemment dans la presse Friedrich Schneider, expert en économie souterraine de l’Université de Linz en Autriche.

Au moment de la naissance de l’euro – les pièces et les billets sont apparus le 1er janvier 2002 -, c’est sous la pression, entre autres, de l’Allemagne, très attachée aux espèces et qui avait auparavant une coupure de 1.000 deutschmarks de valeur à peu près équivalente, qu’avait été créé le billet de 500 euros.

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