La crise n’a pas entamé les bonus des banquiers

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Depuis la crise économique de 2008, de nombreuses banques de la City londonienne ont vu leurs bénéfices chuter. Pourtant, leurs dirigeants, eux, continuent de s’en mettre plein les poches. Et ils ne sont pas les seuls…

Les dirigeants ou employés au sommet de la hiérarchie ont pris l’habitude dans les banques du Royaume-Uni de cumuler les petits cadeaux. Rien que dans ce secteur financier, on estimerait à 100 milliards de livres le montant des “bonus” qui leur auraient été versés depuis le début de la crise économique. Ce chiffre, on le doit à la Robin Hood Tax Campaign, un rassemblement de 119 organisations britanniques, parmi lesquelles Friends of the Earth, Oxfam, ou encore Stamp Out Poverty. Lassées de voir les dirigeants du secteur financier “s’en mettre plein les poches” pendant que d’autres peinent à s’en sortir, elles ont minutieusement analysé les données fournies par l’ONS (Office of National Statistics).

Ce chiffre ne faiblit pas dans la City. Rien que sur l’année 2014, ce sont près de 15 milliards de livres qui y auraient été offerts gracieusement aux banquiers. Et ce, en dépit d’une nouvelle législation européenne.

Une directive, la CRDIV, est en effet entrée en vigueur l’an dernier, destinée à limiter le montant des bonus au sein du secteur financier. Elle interdisait de verser un bonus supérieur au montant du salaire fixe, à moins que deux-tiers des actionnaires ne soient d’accord avec ce dépassement. Pour contourner ce règlement, les banquiers pourraient augmenter leur salaire fixe. Mais celui-ci est soumis à des charges sociales obligatoires, contrairement aux bonus. Pour éviter cela, les banquiers ont alors trouvé un subterfuge bien plus efficace : se faire verser une prime qui ne soit pas liée à la performance, mais à la “fonction” : c’est ce qu’on appelle les “allocations de fonction”. Au Royaume-Uni, les autorités n’ont pas pris de mesures contre ces pratiques discutables.

Les chiffres dévoilés

Résultat : les banques britanniques s’en donnent à coeur joie. Certaines ont révélé le montant de leurs bonus sur l’année 2014. La Royal Bank of Scotland l’estime à 421 millions de livres, alors que sur cette même période, la banque enregistrait des pertes de 3,5 milliards de livres. Barclays, elle, a reversé rien qu’à son directeur général, Antony Jenkins, la coquette somme de 1,1 million de livres. HBSC, RBS, Lloyds et Standard Chartered ont également dévoilé leurs chiffres.

Ce phénomène n’est pas nouveau. Selon une étude menée par Susan Holmberg et Mark Schmitt, c’est dans les années 1930, que les premiers scandales auraient éclaté, avec notamment le dirigeant de la National City Bank, Charles Mitchell, qui s’offre alors un petit million de dollars sous forme de bonus.

Une taxe sur les transactions financières pour contrer les bonus

Le secteur financier a donc toujours été propice à ces revenus exemptés (pour l’instant du moins) de taxes. Le tendance pourrait changer avec l’introduction d’une taxation sur les transactions financière. Fin janvier 2015, dix pays de la zone Euro ont confirmé vouloir aller en ce sens. La Belgique fait d’ailleurs partie de ces “bons élèves”. Mais le Royaume-Uni, lui, continue de s’y opposer. De l’autre côté de l’Atlantique, aux Etats-Unis, il en va de même. Selon un rapport publié par les services du budget de l’Etat de New York, en 2013, 19,2 milliards d’euros auraient été reversés aux employés de Wall Street.

Ces banquiers pourraient à terme, qui sait, s’inspirer de la firme chinoise Qihoo 360. Selon un rapport confidentiel qui aurait fuité, l’entreprise offrirait tout un florilège de bonus différents à ses employés. Ces derniers auraient le choix entre les derniers téléphones à la pointe de la technologie, des voyages exotiques, des voitures de luxe, et, plus insolite, une nuit avec une star du X…

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