Karel De Boeck pourra-t-il sauver Dexia ?

© Image Globe

La nouvelle bisbrouille entre Belges et Français a tout pour rendre la mission du futur CEO de la banque résiduelle encore plus difficile. Voire impossible…

Est-ce le début d’un sursaut belge ? Voire d’un bras de fer ? Le vote en ordre dispersé des Belges lors de l’assemblée générale du groupe résiduel, mercredi dernier, n’a en tout cas guère plu aux actionnaires français de Dexia.

En cause : la question de la décharge aux administrateurs pour les dégager de leurs responsabilités. “L’abstention du gouvernement fédéral mais aussi et surtout le refus du gouvernement flamand d’accorder la décharge aux administrateurs a provoqué la colère en France“, relève Georges Gilkinet, député Ecolo et président de la commission des Finances de la chambre.

Du coup, le conseil qui devait se tenir dans la foulée de l’assemblée pour entériner la nomination de Karel De Boeck comme nouveau CEO en remplacement de Pierre Mariani, a été annulé. Non seulement retardée par cette nouvelle bisbrouille entre Belges et Français, la nomination de Karel De Boeck suscite aussi la controverse. L’ancien haut dirigeant de Fortis traîne derrière lui comme un boulet son titre d’ancien chief risk officer.

A sa décharge, on rétorquera qu’il a pris le poste peu avant l’éclatement de l’ancien groupe de la rue Royale. D’aucuns rappellent aussi que les activités de banque d’entreprise, dont il a été pendant longtemps responsable, ne sont pas à l’origine de la chute de la maison Fortis. Enfin, d’autres, qui ont travaillé avec lui, le décrivent comme un assez bon manager, dur mais juste et décisif. A même, surtout, de faire face aux défis qui l’attendent : renégocier les garanties bancaires, faire aboutir les discussions avec l’Europe, gérer les actifs à risque sur le long terme, pouvoir attendre pour vendre les derniers bijoux de famille (DenizBank, etc.) et motiver ce qui reste des troupes. Du moins, si on lui en donne les moyens.

Imprimer un cap clair

Erreur de casting ou pas : pour Georges Gilkinet, la question n’est pas là : “Plus que la personnalité de Karel De Boeck en tant que telle, c’est d’abord notre capacité à négocier avec les Français et à élaborer un plan coordonné pour s’en sortir en limitant les dégâts qui est déterminant. La Belgique doit arrêter de naviguer à vue. Dexia est un gâchis qui se compte en dizaine de milliards !”

Ce qui manque à Dexia, ce ne serait donc pas tant l’homme providentiel qu’une vision des choses commune de la part des actionnaires belges, qu’ils soient publics (Etat fédéral et Régions) ou privés (Arco, Holding Communal, Ethias). “On peut en effet se demander s’il y a une vision claire de ce qu’il faut faire au sein de du gouvernement, tant la concertation ne fonctionne pas du côté belge, observe Georges Gilkinet. Que ce soient les élections françaises, l’avis de l’ Europe ou l’assemblée générale, celui-ci donne l’impression de subir les événements extérieurs sans imprimer un cap clair. Or, le nouveau CEO devra être soutenu dans sa mission. Il faut lui donner les moyens en termes de renégociation avec les Français et de discussions avec l’Europe.”

Bref, espérons que de ces nouvelles tensions franco-belges sortira une solution négociée et positive pour tout le monde.

Sébastien Buron

Quel avenir pour Belfius ?

Il n’y a pas que pour tracer l’avenir de Dexia que la stratégie du gouvernement est floue. Pour Belfius aussi (l’ex-Dexia Banque, aujourd’hui détachée de Dexia SA), les choses sont loin d’être limpides. Certes, la banque est stabilisée. Elle a changé de nom et dispose d’une nouvelle direction. Mais quid de sa dynamique commerciale ? Faut-il rapidement habiller la mariée avant de s’en séparer ? Ou au contraire profiter d’une configuration 100 % étatique pour faire, de manière durable, de la banque autrement ? Ici aussi, il ne semble guère y avoir de consensus.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content