Ivan Van de Cloot: ” Il est inacceptable que le contribuable soit seul à porter le chapeau des pertes de Dexia”

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Le groupe Dexia risque de perdre beaucoup d’argent suite à la faillite de la ville américaine de Detroit. Ces pertes seront mises sur le dos du contribuable belge.

Dexia a prêté 453 millions de dollars à Detroit et à ses institutions. Comme la ville a demandé une mise sous protection contre ses créanciers, le groupe Dexia risque de perdre beaucoup d’argent. L’économiste Ivan Van de Cloot rejette l’idée de faire endosser toutes les pertes par le contribuable belge.

Dexia estime les pertes à 146 millions de dollars (110 millions d’euros). Que pensez-vous de cette estimation ?

Ivan Van de Cloot : “On verra le montant des pertes. La liquidation juridique peut prendre plus d’un an. Il faut réaliser que Dexia n’est qu’un des nombreux créanciers. En outre, la banque ne figure pas parmi les priorités de la ville. Aux yeux de Detroit, Dexia est un fonds d’investissement qui souhaitait tirer profit de l’état de la ville alors que de nombreux fonctionnaires attendent leur retraite. Ce n’est pas pour rien que le gouverneur de l’état de Michigan a déclaré que certains créanciers peuvent se demander s’ils récupèreront quelque chose.

Dexia déclare pouvoir récupérer une grande partie de l’encours de la dette (159 millions de dollars sur un total de 453 millions de dollars) auprès des réassureurs. Quelle est la solidité de cette garantie ?

Ivan Van de Cloot : “Il ne faut pas se fixer là-dessus. Detroit n’est pas la seule ville américaine à connaître des problèmes financiers, nul doute que d’autres faillites suivront. Chaque fois, les réassureurs s’affaiblissent. Cela dépendra donc de la solidité de cette protection.

Finalement, ce sont à nouveau les contribuables belges et français qui paient. N’y a-t-il pas d’autres solutions ?

Ivan Van de Cloot: “Il est inacceptable que le contribuable soit seul à porter le chapeau des pertes de Dexia et d’autres banques. Comme Dexia était très active aux États-Unis, d’autres cadavres peuvent sortir du placard. C’est inacceptable et c’est aux politiciens à régler ce dossier de façon réfléchie. Il est inadmissible que les grandes parties adverses de Dexia ne supportent aucune perte.”
J’ai déclaré au parlement belge que c’est aux parlementaires belges à analyser les parties adverses de Dexia, parce que là aussi il y a des personnages importants. Tout comme à Chypre, il faut impliquer les grands créanciers de Dexia – pour un bail-in. C’est une meilleure solution que de diminuer l’indemnité de garantie de 50à 5 points de base, ce qui a déjà eu lieu.”

“Cependant, les politiques belges préfèrent garder leurs distances à cause de la sensibilité politique du dossier – pensez au holding communal – et laissent cette tâche aux experts. Ils doivent réaliser qu’à moment donné il devient inévitable de rééchelonner la dette. L’histoire nous apprend que c’est la seule solution possible.

L’unique façon pour l’Europe d’éviter un scénario de déflation japonais est de rééchelonner la dette. Si on ne rééchelonne pas les dettes, on se condamne à une catastrophe économique. Sous la présidence de la BCE de Jean-Claude Trichet, l’échelonnement a longtemps été tabou. La débâcle Lehman a appris à Trichet à rejeter les pertes sur le contribuable.”

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