Etienne de Callataÿ: “Des mutations sont nécessaires dans le monde bancaire”

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L’économiste Etienne de Callataÿ estime qu’il faut “accepter qu’une entreprise cherche à anticiper les événements de demain”, alors que la banque néerlandaise ING prévoit la suppression de 3.500 équivalents temps plein en Belgique d’ici 2021.

Pour Etienne de Callataÿ, chargé de cours à l’université de Namur, un des principaux facteurs expliquant le licenciement collectif chez ING est le changement de comportements des clients. “Les gens ne se rendent plus en agence”, remarque-t-il. Avec les nouvelles technologies et la concurrence croissante, “des mutations sont nécessaires dans le monde bancaire”. Et d’utiliser une métaphore pour développer son idée: “Une forêt, c’est rempli de feuilles mortes qui finissent par tomber, ce qui permet à d’autres de pousser”.

“La rentabilité n’est pas déterminante ici”

Robert Witterwulghe, professeur d’Economie à l’UCL, spécialisé en droit bancaire et du crédit, souligne quant à lui que la banque au lion utilise “la situation conjoncturelle des taux d’intérêt très faibles pour annoncer une restructuration et aller vers un nouveau modèle bancaire”.

La restructuration a été jugée “nécessaire” lundi par la direction d’ING Belgique afin d'”assurer l’avenir de la banque”. Cette suppression massive d’emplois est d’autant plus choquante que la banque distribue des dividendes, observe Robert Witterwulghe. “Les banques arguent du fait que les taux d’intérêt sont très faibles mais elles s’assurent tout de même une marge de bénéfice. La rentabilité n’est pas déterminante ici. ING a en fait anticipé une évolution structurelle importante du monde bancaire.” Outre une informatisation croissante passant souvent par la délocalisation, les banques transfèrent toujours plus de tâches directement à leurs clients, rappelle-t-il.

“Se battre pour qu’une partie des bénéfices aillent à l’accompagnement”

“Il ne faut pas pour autant avoir une lecture du capitalisme comme étant le grand méchant. C’est un mauvais procès qu’on fait à ING. Il faut plutôt se battre pour qu’une partie des bénéfices aillent à l’accompagnement des personnes qui ont perdu leur emploi et dans la formation continue”, indique encore Etienne de Callataÿ.

Les deux économistes se rejoignent pour dire que le problème n’est pas spécifique à ING. D’autres entreprises du secteur vont évoluer dans le même sens, faisant craindre de nouveaux drames sociaux à venir.

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