Ces grandes banques, actives en Belgique, investissent massivement dans les combustibles fossiles

La centrale au charbon de Belchatow, Pologne, la plus grande du type de toute l'Europe. © REUTERS/Kacper Pempel

Les grandes banques belges ou ayant des activités en Belgique ont investi quelque 40 milliards d’euros ces deux dernières années dans les combustibles fossiles, a calculé la Coalition Climat dans sa dernière étude sur le sujet, relayée mercredi par De Standaard et Le Soir.

BNP Paribas, la maison-mère française de BNP Paribas Fortis, représente trois quarts du total (30,37 milliards) et le groupe néerlandais ING prend 7 milliards à son compte. Suivent ensuite les banques belges KBC et Belfius (via son gestionnaire de patrimoine Candriam), avec respectivement 2,22 milliards et 679 millions d’euros.

Via une campagne nationale sous forme de pétition en ligne, la plateforme nationale, qui regroupe 62 membres du mouvement environnemental, de développement, des syndicats et d’organisations socioculturelles, appelle les établissements bancaires belges concernés à ne plus agir de la sorte. Outre les impacts climatiques, ces investissements représentent en effet un risque financier et menacent la viabilité de ces banques.

Les investissements dont il est question ont eu lieu auprès des 100 plus grandes entreprises du secteur des énergies fossiles, notamment les entreprises avec les plus importantes réserves de charbon et pétrole (chaque fois le top 25), et les entreprises d’électricité avec la capacité de production la plus élevée sur base de charbon (top 25 mondialement et en Europe), dénonce la Coalition Climat. Près de la moitié des 40 milliards (19,41 milliards) a en outre été destinée à ce dernier type d’énergie fossile, qui est également le plus polluant.

“Pourtant, la science est unanime: nous devons absolument rompre notre dépendance aux énergies fossiles si nous voulons éviter des changements climatiques dangereux”, alerte Mathieu Soete, expert en désinvestissement chez Greenpeace Belgique, pour qui les banques ont un rôle crucial à jouer dans la transition “nécessaire” vers une économie et une société avec 100% d’énergies renouvelables.

Enfin, d’après BlackRock, le plus grand gestionnaire de patrimoine dans le monde cité par la Coalition Climat, ces investissements dans des combustibles ou des centrales fossiles représentent un danger car elles coûteront plus durant les prochaines années que ce qu’elles ne rapporteront.

Même si la banque BNP Paribas Fortis n’est pas directement visée, la plateforme rappelle son importance aux yeux de sa maison-mère et le marché stratégique qu’elle incarne. “L’argent des épargnants belges peut servir aux stratégies du groupe”, souligne ainsi sa co-présidente Sarah Schlitz, qui pointe également du doigt la responsabilité de l’Etat belge, actionnaire à 10% du groupe BNP Paribas.

ING assure diminuer systématiquement son portefeuille dans le charbon

Le groupe bancaire néerlandais ING est, selon ses propres dires, en train de diminuer de façon systématique et substantielle son portefeuille d’investissements dans le charbon. Il est en outre “l’un des principaux bailleurs de fonds de projets d’énergie renouvelable à travers le monde”, réagit-il mercredi à l’étude de la Coalition Climat.

Le groupe est en train de démanteler de façon systématique et substantielle ce portefeuille, assure sa branche belge. Ceci est la conséquence d’une nouvelle politique en matière de charbon mise en place depuis novembre 2015. Il a alors été décidé d’arrêter de façon immédiate le financement de nouvelles centrales ou mines de charbon pour produire de l’électricité, détaille ING Belgique.

L’institution financière néerlandaise concède toutefois qu’elle finance encore des projets. “Cela s’explique car nous devons respecter des accords et des contrats conclus précédemment avec des clients existants. La mise en place d’un financement pour des centrales au charbon est en effet un long processus”, se justifie-t-elle.

La banque souligne par ailleurs avoir déjà investi des milliards d’euros dans des parcs éoliens, l’énergie solaire ou la production de géothermie. “En 2015, 49% de nos financements de projets et autres types de prêts (au sein du secteur de l’énergie) ont été dirigés vers l’énergie renouvelable (éolienne, solaire, hydraulique et géothermique)”, insiste ING. L’établissement bancaire est notamment impliqué dans le projet ‘Ecluse’ dans le port d’Anvers, un réseau de distribution de chaleur qui sera utilisé par des entreprises chimiques et par un parc éolien en mer du Nord.

KBC mène une politique active de désinvestissement en la matière

La banque belge KBC mène “une politique active de désinvestissement” en ce qui concerne les combustibles fossiles, assure-t-elle de son côté.

KBC explique avoir adopté en septembre dernier de nouvelles lignes directrices pour sa politique en matière de prêts et d’assurance des activités des entreprises du secteur de l’énergie. La banque s’est ainsi notamment engagée à faire grimper la part de sources d’énergie renouvelable dans le total des prêts consentis à ce même secteur à au moins 50% d’ici 2030, alors qu’elle est actuellement de 42%.

L’institution bancaire a par ailleurs immédiatement mis fin au financement de l’extraction du charbon et à la production d’électricité à partir de ce même combustible (à l’exception de la République tchèque, où elle travaille à un scénario de sortie), et compte faire de même en ce qui concerne le financement de la production d’électricité à partir de pétrole.

La banque ajoute encore que désinvestir de ces combustibles fossiles doit faire partie d’un ensemble plus large. Au regard de considérations notamment technologiques et macro-économiques, KBC estime qu’un arrêt immédiat et total de toute forme de financement de projets existants et futurs à partir de combustibles fossiles n’est pas possible aujourd’hui.

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