Bertrand Roland

Ce que l’affaire Optima nous apprend sur le métier de planification financière

Bertrand Roland Associé chez DRA Group, Finance & Insurance.

Certains comptes-rendus de la faillite d’Optima tendent à créer un amalgame entre le métier de planification financière d’une part et la manière dont cette société l’aurait pratiqué d’autre part. Or, il est fondamental de les distinguer radicalement.

Le métier de planification financière trouve sa pertinence essentiellement auprès des individus qui travaillent sous statut d’indépendant. Elle vise à leur offrir une visibilité et une stratégie financière globales afin de maîtriser leur situation et d’atteindre leurs objectifs.

Comment ? En posant les bonnes questions.

Premièrement : quels sont les objectifs spécifiques de l’individu ?

Deuxièmement, en développant une vision d’ensemble :

– Mes revenus permettent-ils d’assurer mes dépenses ? Aujourd’hui ? Demain ?

– Puis-je acheter une maison ? Pour combien ? Quand ? Comment ?

– Dois-je transférer mon activité professionnelle en société afin d’exonérer mon patrimoine des risques qui y sont liés ?

– Mon édifice privé et professionnel résisterait-il en cas d’invalidité ou de décès soudain ?

– Est-ce que j’utilise toutes les opportunités que le législateur met à ma disposition pour diminuer la pression fiscale sur mes revenus ?

– Mes outils comptables m’offrent-ils la visibilité dont j’ai besoin ?

– …

En somme : comment organiser mes finances pour rendre mes projets possibles ?

Les valeurs logées au coeur de cette définition du métier sont l’expertise et la créativité, l’empathie et la pédagogie, la transparence et la communauté d’intérêts avec le client.

Des produits toujours identiques qui répondaient aux intérêts d’Optima, et non pas à ceux de ses clients ?

Selon les articles récemment parus dans la presse, Optima aurait proposé à ses clients des bilans patrimoniaux visant une analyse de leur situation financière personnelle afin de les conseiller adéquatement. Mais en fait, ces bilans auraient surtout servi à vendre des produits toujours identiques qui répondaient aux intérêts d’Optima et non pas à ceux de ses clients.

Si cette mauvaise pratique s’avère exacte, elle ne peut en aucun cas être associée à la profession elle-même.

Par ailleurs, il me semble important de démêler une autre confusion post-Optima : celle selon laquelle les bureaux de planification financière seraient des bureaux de gestion fortune … mais en moins bien. Alors qu’il s’agit de métiers tout simplement différents.

Les bureaux de gestion de patrimoine et les private bankers travaillent la fortune acquise. Il s’agit de générer des revenus à partir du patrimoine. Métier respectable et respecté.

Les bureaux de planification financière travaillent les revenus. Il s’agit de générer du patrimoine à partir des revenus.

C’est un métier qui a de l’avenir et une vraie utilité sociétale: une partie croissante d’individus conçoit qu’il faut créer son travail plutôt que de trouver du travail, conçoit que le travail ne doit pas être un labeur pour une pitance, mais un espace d’épanouissement personnel. Cette évolution amènera un nombre exponentiel de travailleurs à choisir le statut d’indépendant. Cette indépendance est une liberté qui implique de maîtriser ses finances, quel que soit le métier qu’on exerce. Et c’est la raison d’être de la planification financière.

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