Bonus encadrés : les banques vont-elles vraiment délocaliser ?

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Le comité des régulateurs européens propose d’encadrer de manière très stricte les rémunérations des banquiers. Ces derniers craignent d’être handicapés face à leurs concurrents et menacent de délocaliser certaines activités.

Ce banquier anglais, issu d’une grande institution internationale, ne décolère pas. Il n’avait pas prévu, comme nombre de ses confrères, que les nouvelles recommandations du comité des régulateurs européens (CEBS) pour encadrer les bonus, seraient aussi strictes. Celles-ci vont en effet bien au-delà des recommandations du G20.

Concrètement, les régulateurs proposent de plafonner le montant des bonus à un multiple du salaire octroyé. Ils envisagent également l’introduction d’une part fixe d’actions dans les bonus accordés, liant ainsi la rémunération des traders au cours de l’action de leur institution financière. Enfin, les banques européennes seraient obligées de verser 40 % du bonus après minimum trois ans.

Autant de mesures qui sont inadmissibles aux yeux des acteurs européens, qui craignent que de telles mesures ne les handicapent face à leurs concurrents américains. En effet, si ces mesures sont adoptées, elles concerneront aussi les filiales américaines et asiatiques des grandes institutions européennes. Les consultations, menées par le CEBS jusqu’au 8 novembre, risquent donc d’être animées.

Menace de délocalisation

Outre le contenu, la méthode européenne gêne également de nombreux banquiers. “Les propositions européennes ont été rendues publiques, remarque un acteur du secteur, qui préfère garder l’anonymat. Tout assouplissement des mesures actuellement sur la table sera donc perçu par l’opinion comme un retour en arrière, sous la pression des banques. Une image de faiblesse que les autorités européennes auront du mal à accepter. Aux Etats-Unis, après avoir élaboré les grands principes de la réforme financière, les négociations sur leur mise en oeuvre, se font en coulisses. Le lobbying des banques pourrait donc se révéler beaucoup plus efficace là-bas.”

Pour défendre leurs intérêts, les banques européennes brandissent la menace d’une délocalisation de tout ou partie ou de leurs activités. Elles estiment que ces mesures les affaibliront par rapport à leurs concurrents américains.

Or, délocaliser certaines activités est une mesure très complexe. Et cela ne les mettra pas pour autant à l’abri des réglementations européennes. En effet, les gendarmes européens pourraient très bien argumenter que les décisions prises depuis New York ou Dubaï ont un impact sur l’épargne récoltée en Europe. Et ils pourraient donc faire valoir qu’ils restent compétents même si les activités sont basées aux Etats-Unis, au Moyen-Orient ou en Asie. Le bras de fer s’annonce rude !

Nathalie van Ypersele

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