Belfius libérée du boulet Dexia d’ici fin 2016

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Belfius, la dernière banque d’État, a profité de la présentation de ses (bons) résultats 2014 pour confirmer qu’elle aura liquidé le lourd héritage de Dexia d’ici 18 à 24 mois.

L’héritage de Dexia, c’était essentiellement trois choses, explique Marc Raisière: le portefeuille d’obligations, un portefeuille de garanties de crédit, et des lignes de crédit.

Côté lignes de crédit, le problème est réglé. Il n’était pas mince : en octobre 2011, la banque belge octroyait pour 56 milliards d’euros de financement à son ancienne maison mère. Mais depuis le mois de février 2015, les lignes de crédits sur Dexia sont de … zéro.

L’héritage Dexia c’est aussi deux autres boulets. D’abord, un lourd portefeuille d’obligations, achetées très cher et qui a été longtemps déficitaire (le taux auquel Belfius finançait ce portefeuille était plus élevé que le taux que ce portefeuille procurait). Ce portefeuille pesait 18,3 milliards d’euros en 2011. Il était tombé à 12,4 milliards en 2013. Il ne pèse plus que 9,5 milliards au début de cette année. Dernier boulet, les garanties de crédit (appelées aussi CDS) : Belfius s’est porté garant si jamais certains emprunteurs ne pouvaient plus rembourser leurs dettes. Ce portefeuille de dérivés de crédit a fondu lui aussi, passant de 11,6 milliards en 2011 à 6,5 milliards début 2015.

Cette mise au régime nécessite que Belfius vende certains actifs à perte. En 2014, la banque a ainsi encaissé 118 millions de pertes sur ces opérations de dégonflement.

Objectif fin 2016

Mais en 2016, ces deux poids auront disparu. Non que ces portefeuilles (d’obligations ou de garantie de crédit) seront totalement vendus. Mais d’ici fin 2016, ils seront retaillés pour correspondre aux besoins de la banque. La taille cumulée des deux atteint encore 16 milliards, elle devrait tomber aux alentours de 11 ou 12 milliards. Et surtout, la qualité de ces actifs devrait être en ligne avec celle des autres actifs de Belfius (qui arbore une note générale de A-). Aujourd’hui, le portefeuille obligataire affiche déjà cette note financière, alors que la note des garanties de crédits s’est améliorée, passant de BBB- en 2011 à BBB+ aujourd’hui.

Libérée de l’héritage Dexia, affichant un confortable matelas de fonds propres (7,9 milliards d’euros fin 2014, contre 3,3 milliards en 2011) et donc un solide ratio de solvabilité (13,2% selon les normes de Bale III pleinement appliquée). Malgré un environnement “difficile (taxe bancaire, taux bas, reprise encore fragile…) nous confirmons les objectifs que nous avions donnés l’automne dernier : nous visons toujours 600 millions d’euros de résultats récurrents, afin de pouvoir dégager un bénéfice net de 500 millions souligne Marc Raisière. Il sera temps, alors de voir ce que le gouvernement décidera : garder la banque, la vendre, la mettre en Bourse…

Il reste cependant un dernier héritage : Arco, la coopérative mise en liquidation suite à la chute de Dexia. Beaucoup de clients de Belfius sont aussi coopérateurs d’Arco, et menacent de reporter sur Belfius leur colère si jamais ils n’étaient pas remboursés. Un dossier épineux : l’État avait donné sa garantie aux coopérateurs d’Arco, mais l’Union européenne estime que c’est une aide d’État illégale. Le gouvernement conteste cette vision et travaille à une solution qui permettrait de compenser en partie les pertes subies par les coopérateurs.

“La balle est dans le camp des autorités, estime Jos Clijsters, le président de Belfius. La banque est naturellement émotionnellement impliquée dans ce dossier, et elle sera toujours prête à mettre en oeuvre d’un point de vue opérationnel toute solution qui se présentera. Mais aujourd’hui, la question est de facto dans les mains des autorités”, souligne-t-il.

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