Peabody Energy

Au fond du trou

Le faible prix du gaz naturel et le durcissement constant des normes environnementales pèsent sur la consommation de charbon pour la production d’électricité (charbon thermique). Une suroffre sur le marché a entraîné un effondrement du cours du gaz naturel, ce qui a considérablement réduit l’avantage du charbon en matière de prix. Le gaz naturel est un combustible fossile plus propre, ce qui lui permet de ravir des parts de marché au charbon depuis plusieurs années déjà. Le problème du charbon utilisé pour la production d’acier (charbon métallurgique) est la stagnation de la consommation mondiale d’acier, qui a provoqué un recul de la production. La Chine, le plus grand producteur, a même réduit ses importations de charbon en 2014. Le cours du charbon métallurgique n’avait jamais été aussi bas depuis 7 ans. Peabody Energy, le premier producteur américain de charbon, est actif sur les deux marchés, ce qui lui procure un avantage sur la concurrence. Pour 2015, Peabody vise un volume vendu de 235 à 255 millions de tonnes, dont 180 à 190 millions de tonnes proviendraient des Etats-Unis, et 35 à 37 millions de tonnes d’Australie. Après avoir reculé de 60% l’an dernier, l’action Peabody a de nouveau perdu un peu plus de la moitié de sa valeur depuis le début de l’année après des résultats trimestriels décevants. L’ensemble du secteur est déjà logé même enseigne. Patriot Coal a fait faillite pour la deuxième fois en autant d’années, Walter Energy peine à garder la tête hors de l’eau. L’action Arch Coal a déjà perdu 80%. Peabody s’en sort beaucoup mieux, même si tout est relatif. Le coeur du problème reste la surproduction et tant que l’équilibre entre l’offre et la demande n’est pas rétabli, aucun redressement durable de l’industrie du charbon ne sera possible. Mais on travaille enfin à une réduction de la production de charbon thermique alors que l’offre de charbon métallurgique va diminuer pour la première fois en trois ans. Peabody a enregistré sa 6e perte trimestrielle consécutive. Elle a atteint 176,6 millions USD ou 0,65 USD par action. Une partie de cette perte (0,23 USD par action) est la conséquence de charges liées au remboursement anticipé d’une dette. Avec 166 millions USD, les cash-flows opérationnels ajustés (EBITDA) se sont établis du côté inférieur de la fourchette des prévisions (160 à 200 millions USD). Le chiffre d’affaires (CA) a baissé de 5,5% à 1,54 milliard USD sous l’effet combiné d’une baisse des volumes vendus (-1,1%) et du recul du cours du charbon. La vente de plusieurs actifs est envisagée pour consolider le bilan. Il s’agit à la fois de participations dans des actifs opérationnels aux Etats-Unis et en Australie, de réserves et de terres (200.000 hectares). Le producteur de charbon veut également économiser 685 millions USD d’ici au début 2017. Peabody a clôturé le 1er trimestre avec des liquidités et des réserves d’un montant légèrement supérieur à 1 milliard USD et une dette à long terme de 6,3 milliards USD. Après le refinancement du début de l’année, aucun remboursement n’est prévu au cours des 3 prochaines années. Le dividende avait déjà été pour ainsi dire supprimé. Compte tenu des ventes prévues, il est peu vraisemblable que Peabody connaisse des problèmes financiers à court terme.

Conclusion

Peabody essaie de compenser la baisse des cours par des réductions de coûts. Le marché les trouve cependant insuffisantes vu les nouveaux planchers du cours. La diversification des activités lui procure un avantage concurrentiel sur les autres entreprises du secteur. Mais Peabody ne pourra en profiter que si le prix du charbon se redresse enfin. L’action est (très) bon marché en matière de cours/valeur comptable (0,45 fois) et compte tenu des réserves de charbon et de la valeur des terrains. Mais notre ordre d’achat pour le portefeuille modèle s’adresse en premier lieu à l’investisseur conscient des risques (note C; risque élevé) en raison de la charge de dette et des risques d’augmentation de capital.

Conseil: digne d’achat

Risque: élevé

Rating: 1C

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