Lotus Bakeries & Sipef / Socfinaf / Socfinasia

L’action de Lotus Bakeries ne cesse de progresser. N’atteint-elle pas peu à peu des hauteurs excessives ?

L’action du spécialiste est-flandrien du spéculoos et des pâtisseries Lotus Bakeries ne cesse de battre des records depuis l’annonce, le 14 août, d’un partenariat stratégique avec le groupe britannique Natural Balance Foods via une participation de 67%. Avec des marques comme Nakd et Trek, cette entreprise fondée en 2004 est un pionnier dans les en-cas sains. Et le succès est au rendez-vous. Le chiffre d’affaires (CA) a triplé à 20 millions de livres britanniques (GBP) ces trois dernières années, et devrait à nouveau enregistrer une forte croissance cette année pour atteindre 33 millions GBP. Lotus Bakeries a payé 56 millions EUR en cash pour la participation (1,8 fois le CA attendu en 2015), qui lui permet de prendre position dans ce segment en forte croissance. L’acquisition accroît le CA de 8%, et l’objectif est de faire progressivement de Nakd la troisième marque internationale du groupe après les spéculoos Lotus et le concept pour enfants Lotus Dinosaurus sur les marchés où Lotus Bakeries est déjà active. Dans le cadre de cette amorce d’internationalisation, Lotus Bakeries misera surtout sur le lancement de Lotus Dinosaurus – déjà présent en Belgique, aux Pays-Bas et en France – dans quatre pays européens cette année. En outre, l’entreprise se tourne vers l’Asie. En Chine, le groupe a ouvert une agence commerciale autonome en août 2014 après avoir travaillé 10 ans par le biais d’un distributeur partenaire, et le distributeur sud-coréen a été racheté en mars 2015. En 2014, Lotus Bakeries a réalisé 24% de son CA de 347,9 millions EUR en dehors de ses trois marchés principaux (Belgique, France et Pays-Bas). Au cours de l’excellent premier semestre 2015, le CA du groupe a progressé de 16,5% à 195,6 millions EUR, et la part des ventes réalisées en dehors des marchés principaux atteint désormais 27,8%, surtout grâce à une forte croissance au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Le bénéfice net a bondi de 34% à 21,6 millions EUR, soit 27,28 EUR par action. La direction entrevoit encore d’énormes possibilités de croissance à plus long terme, mais privilégie une expansion progressive. A la suite de la vive réaction à l’annonce de la prise d’une participation dans Natural Balance Foods, l’action Lotus Bakeries est devenue encore plus chère : elle s’échange désormais à 28 fois les bénéfices attendus en 2015, et moyennant un rapport valeur d’entreprise (EV)/cash-flows opérationnels (EBITDA) 2015 de 17. L’action est clairement surachetée à court terme, mais nous confirmons, vu l’excellente position commerciale et les possibilités de croissance à plus long terme, la note conserver (2B).

Je constate que vous êtes positifs concernant les producteurs d’huile de palme Sipef et Anglo Eastern Plantations. Pouvez-vous faire le point sur Socfinaf/Socfinasia ?

Les sociétés de plantations Socfinaf et Socfinasia, actives dans la production de caoutchouc et d’huile de palme respectivement en Afrique et en Asie, sont toutes deux contrôlées par Socfin (59% de Socfinaf et 56% de Socfinasia). Socfin est elle-même détenue à 50,16% par le Groupe Rivaud, représenté par Hubert Fabri, et à 38,75% par Bolloré Participations, le holding de l’homme d’affaires français Vincent Bolloré. L’évolution des deux actions a déçu ces dernières années. La forte baisse des cours de l’huile de palme et du caoutchouc n’y est bien entendu pas étrangère. Mais des éléments spécifiques aux entreprises sont également en cause. Tout d’abord, leur directeur Hubert Fabri doit se défendre d’une accusation de fraude devant le tribunal correctionnel en novembre prochain. En outre, une enquête a été ouverte pour de possibles faits de corruption. Autre élément : la cotation sur la Bourse de Luxembourg implique une visibilité et une liquidité réduites. Côté Socfinasia, la superficie plantée de palmiers en Indonésie est stable depuis plusieurs années – 38.566 hectares (ha) fin 2014, dont 3762 ha d’arbres non encore matures. Par ailleurs, le groupe possède encore 15.920 ha de plantations de caoutchouc (8522 ha non matures). Soutenu par le dollar fort, le chiffre d’affaires (CA) a progressé de 79,9 millions EUR au 1er semestre de l’an dernier, à 80,9 millions EUR pour les six premiers mois de l’année. Le résultat opérationnel avant ajustements de la valeur des actifs biologiques est retombé de 35,1 à 19,9 millions EUR et le bénéfice net, de 63,7 à 42,2 millions EUR (2,1 EUR par action). Le dividende total sur l’exercice 2014 s’élevait à 1 EUR par action (contre encore 2,5 EUR en 2011). Socfinaf présente un potentiel de croissance nettement supérieure, avec un total de 77.732 ha de palmeraies (25.720 ha non matures) et 49.150 ha de plantations de caoutchouc (16.720 ha non matures). Grâce aux extensions, et malgré la forte baisse des prix de vente, le CA de Socfinaf a progressé de 1% à 137,3 millions EUR au 1er semestre. Le bénéfice opérationnel avant ajustement des actifs biologiques a progressé de 6% à 25,8 millions EUR. En raison d’une nette réévaluation à la baisse des actifs biologiques, le bénéfice net est tombé de 46,9 millions EUR à 12,8 millions EUR (0,72 EUR par action). Socfinaf a versé un dividende brut par action total de 0,15 EUR sur l’exercice 2014 (contre encore 0,50 EUR en 2011). Les deux actions présentent des valorisations très faibles, à 0,45 fois la valeur comptable. La faiblesse des cours des matières premières et les incertitudes juridiques continuent à peser sur le cours, mais le potentiel haussier est significatif dans une perspective à long terme.

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