La Samba au goût du jour

Avec la Coupe de football de 2014 et l’organisation des Jeux olympiques en 2016 à Rio de Janeiro, le Brésil semble être ” the place to be ” pour les investisseurs. Rien n’est cependant moins vrai.

Lors de la Conferations Cup – la répétition générale de la Coupe du Monde de football -, il est subitement devenu clair pour tout le monde que tout n’est pas rose et violette au pays de la samba et du carnaval. Des dizaines de milliers de Brésiliens sont sortis dans les rues pour exprimer leur mécontentement à l’égard du gouvernement de gauche de la présidente Dilma Roussef. Trop de fonds sont consacrés à l’organisation de ces événements sportifs et trop peu aux projets sociaux et à la lutte contre la criminalité. Dans ce contexte, l’augmentation des coûts de la vie courante contrarie évidemment beaucoup les manifestants.

Avec une croissance actuelle de 1,9% (contre encore 7,5% en 2010), une inflation (élevée) de 6,3%, un déficit budgétaire de 1,2%, un déficit des comptes courants de 3,2% et un taux de chômage de 5,6%, tout porte à croire en effet que l’économie brésilienne ne connaît pas particulièrement une passe favorable. La croissance sensible de la Chine, pendant de longues années, a permis au Brésil, pays agricole exportateur, de se reposer sur ses lauriers. A présent que l’empire du Milieu est en perte de vitesse, l’absence de réformes structurelles suffisantes est révélée en plein jour et le pays est confronté à plusieurs de ses points faibles. L’intention de la Réserve fédérale de durcir progressivement sa politique monétaire incite du reste les investisseurs à retirer leurs capitaux des pays émergents.

Alors que l’indice S&P500 affiche une hausse de 15% depuis le début de cette année, l’indice brésilien Bovespa a reflué jusqu’ici dans les mêmes proportions. Quant au réal brésilien (BRL), il a déjà cédé 15%, lui aussi, face à l’euro, même en considérant le rebond en réaction à l’annonce, la semaine dernière, par la Banque centrale brésilienne, d’intervenir à hauteur de 60 milliards USD pour soutenir la devise. Une devise faible attise en effet l’inflation en rendant l’importation plus coûteuse, et la Banque centrale a fixé l’objectif maximum de 6,5% pour l’inflation.

Classe moyenne : 105 millions de personnes

Il ne s’agit cependant que d’un instantané, et les problèmes nous semblent plutôt temporaires que structurels à long terme. Nous ne devons pas perdre de vue le fait qu’il s’agit de l’un des marchés de consommation les plus prometteurs au monde pour les prochaines décennies, grâce à sa population en croissance rapide, qui compte actuellement déjà 200 millions d’habitants (les populations réunies de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de la France).

La période comprise entre 2000-2010 a été surtout caractérisée par les millions de ménages qui sont parvenus à échapper à la pauvreté. La période entre 2010 et 2020 est quant à elle placée sous le signe d’une classe moyenne de plus en plus nombreuse. Aujourd’hui, 105 millions de Brésiliens appartiennent déjà à la classe moyenne et on estime qu’à l’horizon 2020, 15,3 millions d’autres Brésiliens viendront grossir leurs rangs. A la fin de cette décennie, 57% de la population brésilienne feront partie de la classe moyenne, contre 34% en 2000.

Pour miser sur cette évolution, nous pensons spontanément à AB InBev parmi les valeurs européennes. Cela dit, l’action s’échange au-delà des 70 EUR, ce qui nous paraît encore excessif. Nous suivons le titre de près mais n’y accorderons réellement d’attention que lorsqu’il se négociera aux alentours des 65 EUR. Il existe toutefois une valeur plus proche de sa fair value, l’entreprise étant confrontée à plusieurs problèmes temporaires : celle du groupe français de distribution Casino (lire Flash en p. 8). Le secteur de la vente au détail tire également pleinement profit de la croissance de la consommation et l’an dernier, les Français ont franchi un pas de plus vers le statut de plus grand pays d’Amérique Latine.

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