Kinross Gold demeure digne d’achat

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La rédaction répond à la question d’un abonné: “Kinross Gold, dont je suis actionnaire, reste à la traîne du secteur. Pourquoi?”

Kinross Gold est présente depuis plus de 25 ans en Russie, dans l’extrême nord-est du pays, près de la mer de Behring, soit à plus de 7.000 km de la guerre en Ukraine. Le groupe souhaitait y maintenir son activité, mais a dû y mettre (temporairement?) un terme pour des raisons politiques. Outre la mine souterraine de Kupol, très rentable, Kinross a racheté il y a quelques années Chulbatkan-Udinsk, pour laquelle une étude de faisabilité était prévue au 2e semestre, en vue de mettre la mine en service début 2026; ce projet est aujourd’hui en pause.

Les actifs russes représentaient en 2021 481.000 onces troy d’or, soit 23% de la production du groupe. Cette part devait diminuer à 13% cette année du fait de la contribution accrue d’autres mines moins performantes l’an dernier; ainsi, 58% de la production proviendra d’Amérique du Nord et du Sud et 29% de l’Afrique de l’Ouest.

Nous pensons que l’arrêt de la production du groupe en Russie est temporaire et n’aura pas d’incidence sur ses autres marchés (les cash-flows russes étant réinvestis). Toutefois, la production totale n’atteindra pas les 2,65 millions d’onces pronostiquées pour2022. La production avait déjà baissé de 13% sur un an, à 2,07 millions d’onces, en 2021, du fait d’un incendie dans une usine à Tasiast et de l’activité sismique à Round Mountain. La direction n’a pas actualisé ses prévisions, mais vu l’interruption en Russie, nous nous attendons à 2,3 millions d’onces.

En rachetant, fin 2021, Great Bear Resources pour 1,4 milliard de dollars, Kinross a mis la main sur Dixie, un projet très prometteur (minerais riches) au Canada (Red Lake). Il faudra toutefois attendre 2026 pour l’étude de faisabilité et 2029 pour la mise en service. Kinross ayant payé la majeure partie de l’acquisition en espèces, la dilution n’atteint que 7%.

Vu le risque géopolitique, Kinross s’échange moyennant une décote historiquement élevée par rapport aux autres majors aurifères. La valeur de l’action dépasse à peine la valeur comptable et le rapport entre la valeur de l’entreprise et le bénéfice opérationnel est de 3,5 seulement (il est de deux à trois fois supérieur chez les concurrents). La situation en Russie est selon nous déjà intégrée dans le cours. Nous maintenons dès lors notre conseil d’achat, mais le risque est supérieur à la moyenne (rating 1C).

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