Davantage qu’un creux

L’homme fort de la Chine Xi Jinping va devoir poursuivre les réformes…

Le ralentissement de la croissance chinoise, qui s’est également accompagné d’une implosion de la Bourse chinoise, s’est traduit, sur les marchés boursiers occidentaux, par un troisième trimestre pour le moins agité. Le consensus veut cependant qu’il s’agisse d’un creux temporaire et que la croissance officielle de 6 à 7% ne corresponde pas à la réalité. Cette croissance s’établirait plutôt entre 4 et 6%.

La plupart des participants à la réunion semestrielle du gestionnaire de patrimoine gantois indépendant Value Square furent dès lors abasourdis par la présentation du professeur Jonathan Holslag. Professeur en Affaires internationales à la VUB, Holslag, âgé d’à peine 33 ans, a publié bon nombre d’écrits sur la Chine et est un orateur apprécié.

Tout d’abord, il a détaillé les causes du récent krach boursier des Bourses chinoises locales. Les Chinois affichent d’énormes excédents d’épargne mais ne peuvent les affecter que dans leur propre pays. Dans la mesure où les dépôts d’épargne sont à peine productifs d’intérêts dans la plupart des banques d’Etat, de plus en plus de Chinois ont opté pour des investissements en immobilier, ce qui ne fut pas sans conséquence sur les prix. Lorsque l’Etat a contribué à vider la bulle immobilière, quelque 70 millions d’épargnants chinois ayant peu de connaissances en la matière se sont tournés massivement vers les Bourses locales chinoises. Ce qui a donné lieu en peu de temps à une hausse spectaculaire des marchés. Depuis juin cependant, cette bulle se vide à nouveau.

Stagnation de la croissance

Le professeur Holslag utilise plus d’une dizaine d’indicateurs pour mesurer la croissance de l’économie chinoise, des données en l’occurrence peu, voire pas du tout manipulables, dont les importations (-15% sur base annuelle), le transport par rail (-10%) et la consommation d’électricité (+3%). Aucun de ces indicateurs n’approche actuellement le chiffre officiel de croissance. Ils suggèrent plutôt une économie en stagnation. Cela a des retombées aux niveaux national et international. Ce constat est synonyme d’inégalités en Chine, et donc d’un accroissement des tensions sociales et ethniques, et d’un parti communiste nerveux et peu énergique. Des 136 réformes prévues approuvées par l’ancien Parti du Congrès, seules quelques-unes ont été mises en place. Holslag estime que l’industrie manufacturière chinoise est en surcapacité à hauteur de 35% et que la Chine tente de l’écouler au travers de promotions massives sur les exportations à l’étranger. L’homme fort de la Chine, Xi Jinping, ne pourra plus se contenter longtemps de ce jeu incohérent, à présent que le pays, pour la première fois depuis longtemps, est confronté à une crise de croissance très sérieuse. Il devra au contraire poursuivre les réformes, comme le démantèlement des sociétés publiques inefficaces, et donc solliciter la population afin de retrouver le chemin de la croissance.

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