Miser sur un redressement de l’uranium

Ces derniers temps, le cours de l’uranium a progressé à contre-courant de la tendance générale dans les matières premières. Une livre d’uranium qui sert de carburant pour centrales nucléaires coûtait encore 28 USD (prix spot pour livraison directe) il y a 12 mois. Actuellement, elle fluctue autour de 36 USD. Cette ascension n’est peut-être pas spectaculaire, mais reste digne d’intérêt. L’uranium est peu à peu en train de s’extraire de la grave crise où l’avait plongé la catastrophe nucléaire de Fukushima en mars 2011, il y a maintenant 4,5 ans. L’énergie nucléaire, et donc indirectement l’uranium, commence à bénéficier de plusieurs facteurs. Au début du mois dernier, le président américain Obama a présenté un Clean Power Plan axé sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Un rôle important y a été réservé à l’énergie nucléaire. Selon les chiffres de la World Nuclear Association (WNA), on recense aujourd’hui 99 centrales nucléaires opérationnelles aux Etats-Unis. C’est près d’un quart du nombre total mondial (436). Il faut y ajouter cinq centrales en construction. Mais c’est surtout la Chine qui mise pleinement sur l’énergie nucléaire. Elle compte actuellement 26 centrales opérationnelles, plus 25 en construction. La capacité nucléaire de la Chine a ainsi doublé depuis début 2013. La Chine est à présent le 6e consommateur mondial d’uranium, même si l’énergie nucléaire ne représente encore que 2% de la production totale d’électricité. Sa part doit atteindre 20% d’ici à 2030. La Russie et l’Inde se distinguent également avec respectivement neuf et six nouvelles centrales en construction. L’Inde a déjà annoncé son intention d’accroître ses réserves d’uranium. Autre fait à noter : le Japon a redémarré le réacteur Sendai 1 le mois dernier. Sendai 2 suivra cet automne, et d’autres réacteurs seront en principe relancés en 2016. Malgré l’opposition d’une partie de l’opinion publique, le Japon opte donc à nouveau pour l’énergie nucléaire. Une décision politique prise sous la pression du mauvais état des finances publiques. La WNA s’attend à ce que la consommation mondiale d’uranium augmente en moyenne de 4% par an au cours des 10 prochaines années. Pour 2015, l’offre totale est estimée à 155 millions de livres. Avec 165 millions de livres, la demande est légèrement supérieure. Mais il faudra d’abord consommer les réserves existantes, et c’est également la principale raison pour laquelle le cours de l’uranium n’est pas déjà (beaucoup) plus élevé. Les réserves inutilisées de carburant nucléaire ont longtemps perturbé l’équilibre du marché. L’absence de chiffres clairs (pour des raisons politiques et stratégiques) complique quelque peu le timing du redressement. Dans le meilleur des cas, l’offre restera stable au cours des années à venir, car en raison de la faiblesse des cours, on n’a que peu, voire pas du tout investi dans de nouvelles capacités de production.

Le leader sur le marché nord-américain Cameco a réalisé un bénéfice net ajusté de 115 millions de dollars canadiens (CAD) au 1er semestre, à peu près du niveau d’il y a un an. La production a progressé de 8% sur base annuelle à 10,5 millions de livres, surtout grâce à un très bon 2e trimestre. Sur l’ensemble de l’exercice, elle devrait être comprise entre 25,9 et 26,3 millions de livres en raison d’une hausse de la production à Cigar Lake et McArthur River. Le prix spot perçu a augmenté de 17% à 37,26 USD au 1er semestre. Le prix contractuel, le plus important pour la plupart des producteurs d’uranium qui opèrent dans le cadre de contrats à long terme, a gagné 4%, à 48,5 USD. Cameco s’échange à 13,5 fois les bénéfices attendus en 2016, un rapport valeur d’entreprise (EV)/cash-flows opérationnels (EBITDA) 2016 de 9 et surtout à 1,25 fois la valeur comptable.

Conclusion

L’amélioration de la situation fondamentale de l’uranium ne se reflète pas encore dans le cours des actions. Cameco s’échange à proximité de son plus bas niveau en 11 ans. Nous intégrons l’action dans notre Sélection dans l’optique d’un redressement du cours de l’uranium.

Conseil: digne d’achat

Risque: élevé

Rating: 1C

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