Bolloré digne d’achat

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La rédaction répond à la question d’un abonné: “Compte tenu de la vente imminente des activités logistiques en Afrique de Bolloré à MSC, l’action du premier est-elle toujours digne d’achat?”

Ces dernières années, le holding français Bolloré s’est attaché à faire de l’entreprise média française Vivendi un acteur d’envergure mondiale. Bolloré a racheté Vivendi en septembre 2012 et en est désormais le premier actionnaire (27%). Pendant longtemps, Universal Music Group (UMG), le plus grand label de disques au monde, a été la filiale phare de Vivendi. Portés par le succès du streaming, les résultats d’UMG ont été excellents au cours des derniers exercices, ce qui ne s’est que peu reflété dans le cours de l’action Vivendi (et donc, de celle de Bolloré). C’est pourquoi Vivendi a convaincu le groupe chinois Tencent d’acquérir une participation de 20% dans l’enseigne; en juin 2021, c’est le célèbre gestionnaire de fonds de capital-risque Bill Ackman qui en acquis une participation (10%); et le 21 septembre, UMG a été coté distinctement, sur Euronext Amsterdam (capitalisation boursière: environ 45 milliards d’euros). Vivendi détient toujours 10,13% du capital d’UMG et a décidé d’utiliser le produit de l’introduction en Bourse pour distribuer aux actionnaires un appréciable dividende brut (de 25,25 euros par action Vivendi). En 2021, Vivendi est par ailleurs devenu l’actionnaire de référence de Lagardère.

En décembre, Bolloré a signé un accord d’exclusivité pour céder, pour 5,7 milliards d’euros, son ancienne vache à lait, Bolloré Africa Logistics, à l’armateur MSC, le plus grand acteur de logistique en Afrique. Le prix qu’a proposé MSC est nettement supérieur aux 2 à 3 milliards d’euros auxquels le groupe s’attendait – le pôle en vitrine a réalisé un chiffre d’affaires (CA) de 2,1 milliards d’euros en 2020. MSC a jusqu’au 31 mars pour s’engager à l’acquérir. Notons que Bolloré compte parmi les 10 plus grands acteurs de la logistique en dehors d’Afrique (CA de 2020: 3,7 milliards d’euros).

L’action a beau avoir gagné 10% à l’annonce de l’accord d’exclusivité, elle vaut toujours 10% de moins que lors du plus haut atteint en septembre à l’occasion de l’entrée en Bourse d’UMG. La question qui brûle toutes les lèvres est de savoir comment Bolloré dépensera le produit de l’IPO d’UMG et de la cession de ses activités logistiques en Afrique. Vincent Bolloré, qui se retirera en 2022, l’année du 200e anniversaire du groupe, avait en son temps indiqué ne pas exclure une prise de contrôle complète de Vivendi.

Le titre demeure digne d’achat (rating 1B), à 1,2 fois sa valeur comptable au 30 juin – valeur qui ne tient pas encore compte de la plus-value sur les ventes d’UMG et de Bolloré Africa Logistics.

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