Comment protéger vos placements de la tempête des droits de douane ?


“Je ne regarde même pas les marchés”, a balayé hier Donald Trump, face à la chute des bourses américaines. Les atermoiements de sa politique douanière font souffrir Wall Street et la tache d’huile pourrait bien s’étendre. Des placements défensifs sont de plus en plus conseillés.
Le président américain accuse “les investisseurs mondialistes” d’être à l’origine de la chute boursière de ces dernières semaines. Le S&P500 a perdu plus de 6% par rapport à son sommet de mi-février et le Nasdaq environ 8%. Tous les gains postélectoraux sont effacés sur les places boursières américaines. L’indice industriel du Dow Jones s’en sort le mieux, à -3%, mais pour combien de temps encore ?
Parce que la politique des droits de douane de Donald Trump n’est plus considérée comme un coup de bluff. Sa nouvelle marche arrière, hier soir, en accordant un sursis supplémentaire au Canada et au Mexique, ne rassure plus les marchés. Les places asiatiques et européennes ont d’ailleurs ouvert largement en baisse, ce vendredi. Tout le monde semble s’être fait une raison : le président américain finira par mettre ses menaces à exécution.
Risque de récession ?
Qu’il s’agisse de droits de douane à 25% ou de droits de douane réciproques, tout le monde serait perdant. Les craintes d’une poussée inflationniste ont déjà largement été documentées. Certains économistes vont jusqu’à ne plus écarter un risque de récession aux États-Unis.
Dans une étude publiée la semaine dernière, Barclays estime qu’une récession en 2025 “ne fait plus partie du domaine de l’inimaginable”. Le patron de Goldman Sachs, David Salomon, a repris cette petite musique cette semaine : “Le risque est faible, mais il n’est pas nul.“
Plusieurs indicateurs sont en tout cas très préoccupants. La Réserve d’Atlanta a construit un indicateur prévisionnel de la croissance pour le trimestre en cours, relèvent nos confrères des Echos. Début février, cet indicateur prévoyait une hausse du PIB de 2,9%. Désormais, il entrevoit une baisse de 2,8%. Du jamais vu.
L’indice d’incertitude de la politique économique est au plus haut depuis la pandémie. La confiance des ménages américains a plongé de 7 points le mois dernier et les anticipations d’inflation pour les 12 prochains mois approchent la barre des 6%. Ironie de l’histoire, les importations américaines n’ont jamais été aussi importantes. En janvier, le déficit commercial a explosé à 153 milliards d’euros. L’industrie américaine prend tout ce qu’elle peut avant la tempête.
Défensif
Dans ce contexte, comment protéger ses placements d’une guerre commerciale ? “C’est le moment de jouer en défense et de vraiment vous protéger”, estime Callie Cox, stratège en chef du marché chez Ritholtz Wealth Management, interrogée par Business Insider. Dans son viseur, la santé et les biens de consommation, les deux segments qui ont le mieux performé cette année. Les médicaments ou les biens de première nécessité sont peu sensibles à la récession ou aux changements de politique commerciale.
“La probabilité de surperformance des secteurs de la santé et de la consommation de base est probablement beaucoup plus élevée que quelque chose comme la technologie“, confirme Matt Stucky, gestionnaire de portefeuille en chef des actions chez Northwestern Mutual.
Les valeurs financières et bancaires restent également à privilégier, selon de nombreux analystes, même si des vents contraires sont à l’œuvre : la baisse des taux à court terme des banques centrales et la hausse des taux à long terme. Les vannes de l’endettement semblent à nouveau ouvertes avec les besoins de renforcement militaire, ce qui fait grimper les taux. Le marché des obligations s’emballe.
Cet appétit militaire constitue d’ailleurs un abri tout trouvé pour vos placements : la défense. Même si ces abris sont déjà très chers.
Europe
Jusqu’ici, les marchés européens se sont plutôt bien portés depuis le début de l’année. Les investisseurs, inquiets des niveaux de valeur de la tech américaine, ont voulu se diversifier sur les marchés européens. Un mouvement qui était tout à fait inattendu, il y a quelques mois encore.
Le Dax allemand a pris 17%, les bourses italienne et espagnole 14%, et le CAC40 11%. Le Bel20 n’a gagné que 3% mais s’était mieux porté l’année dernière. Malgré quelques turbulences cette semaine, les places boursières européennes sont dans le vert.
Mais combien de temps vont-elles pouvoir résister ? L’économie européenne est très tournée vers l’international. Un tiers de son PIB est lié aux exportations. La tempête commerciale s’approche, mais n’est pas encore à l’œuvre, tandis que les espoirs de paix en Ukraine s’écrivent en pointillé. Dans ce cadre, il n’est pas du tout certain que les valeurs européennes servent de refuge.
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