(ABM FN) Au sortir d’une semaine chargée, rythmée par le lancement de la saison des résultats, de bons indicateurs économiques aux Etats-Unis, de nouveaux records à Wall Street et des rumeurs de limogeage du patron de la Fed, le Bel20 s’est adjugé 0,6 pour cent à 4.544 points.
On aurait pu penser que les bourses auraient décroché en début de semaine en marge de l’annonce faite par Donald Trump de droits de douane de 30 pour cent pour l’Union européenne et le Mexique.
Si l’annonce a pu surprendre Bruxelles, sachant qu’un accord commercial est en négociation depuis des semaines, la date butoir du 1er août laisse encore une marge de manœuvre.
Selon Frank Vranken, stratège en investissement chez Edmond de Rothschild, la question est de savoir s’il s’agit “d’une tactique de négociation de la part de Trump ou si le locataire de la Maison Blanche est sincère”.
À cet égard, de nombreux experts ont remis en lumière le “TACO Trade” ou “Trump Always Chickens Out” qui veut que le président américain finit généralement par “se dégonfler”.
Notons qu’en fin de semaine, ce dernier a annoncé qu’il enverrait 150 lettres supplémentaires à ses partenaires commerciaux, contenant des taxes douanières de 10 à 15 pour cent.
Le début de la saison des résultats globalement bien accueilli
En parallèle des diatribes de Donald Trump sur le commerce, la saison des résultats du second trimestre a débuté.
A ce titre, Ralph Wessels, stratège en investissement chez ABN AMRO, note que le marché anticipe une croissance des bénéfices et du chiffre d’affaires des sociétés membres du S&P 500 de 5,8 et 3,7 pour cent. Pour l’indice paneuropéen Stoxx 600, une baisse du bénéfice et des revenus de 0,2 et 3,0 pour cent est en revanche anticipée.
“En raison des tarifs douaniers, les entreprises européennes sont susceptibles de montrer une certaine faiblesse en termes de croissance, tant pour le trimestre écoulé que pour ceux à venir”.
Si comme de coutume, les grandes banques US ont ouvert le bal, on retiendra que JPMorgan Chase a relevé ses prévisions de revenus d’intérêt, que Citigroup a surfé sur la volatilité des bourses, que Blackrock a fait mieux que prévu tandis que Wells Fargo a annoncé une baisse de ses provisions pour créances douteuses mais que ses revenus nets d’intérêts ont déçu. De son côté, Goldman Sachs a fait état d’un bénéfice en forte hausse et supérieur aux attentes, tout comme Morgan Stanley et Bank of America.
De quoi faire dire à Jamie Dimon, patron de JPMorgan, que l’économie US “demeure solide”, tandis que les réformes fiscales et la déréglementation sont positives pour les perspectives économiques.
“Des risques importants subsistent toutefois”, prévient le patron de JPMorgan, singulièrement l’incertitude entourant les tarifs douaniers et l’augmentation du déficit US.
Notons que les analystes de Citi sont d’avis que les banques européennes ne seront pas en mesure de publier des résultats aussi bons que leurs homologues américaines.
Du côté de la tech, Netflix a lancé la saison. Et malgré des résultats supérieurs aux attentes et des prévisions revues à la hausse, le géant du streaming a plongé de 5 pour cent dans la foulée, après avoir fortement progressé depuis la publication de ses précédents résultats trois mois plus tôt.
La lettre de démission de Jérôme Powell serait déjà prête
Au rayon des indicateurs économiques, l’inflation est repartie de l’avant aux États-Unis, les prix à la consommation ayant augmenté de 2,7 pour cent en juin contre 2,4 pour cent en mai. Les prix à la production ont, en revanche, reflué de 2,7 à 2,3 pour cent.
Chez US Bank Asset Management, on voit dans l’évolution des prix à la consommation “un début de l’impact des tarifs douaniers”.
“Les chiffres de l’inflation, en particulier dans le secteur de l’équipement, montrent que nous commençons à voir l’impact des taxes”, a commenté dans ce sens Robert Haworth, selon qui les signes d’accélération de l’inflation renforcent encore l’incertitude sur ce que fera la Fed.
Si l’évolution de l’inflation ne va pas dans le sens de Donald Trump, ce dernier a de nouveau exigé que la Fed réduise ses taux de 3 points de pourcentage.
Le conseiller économique de la Maison Blanche, Kevin Hassett, a même rapporté que Donald Trump pourrait bien avoir une raison de renvoyer Powell en raison des dépassements de coûts dans la rénovation du siège de la Fed à Washington.
“La lettre de démission de Jérôme Powell serait déjà prête”, a en outre rapporté mercredi le New York Times, ce que Donald Trump a vigoureusement démenti.
“Nous n’avons pas l’intention de faire quoi que ce soit”, a ainsi fait savoir le président aux journalistes mercredi soir.
Rappelons que constitutionnellement, il est difficile de révoquer le président de la Fed avant la fin de son mandat (en 2026), à moins qu’il n’ait vraiment quelque chose à se reprocher.
On retiendra que Wall Street a brièvement chuté après l’annonce de la démission imminente de Jerome Powell, avant de rebondir tout aussi fortement après le démenti de Trump.
De quoi faire dire aux analystes d’ING qu’il s’agit clairement d’un symptôme de la résistance que les marchés ont développée face aux montagnes russes des annonces qui caractérisent le mandat de Trump.
“Après cette nouvelle frayeur, la barre sera encore plus haute pour prendre au sérieux les menaces qui pèsent sur l’indépendance de la Fed”, conclut ING.
“Franchement de quoi être déboussolé par les indicateurs US”
Bernard Keppenne, économiste en chef de CBC Banque, retient lui “qu’il y a franchement de quoi être déboussolé par les chiffres qui sont publiés actuellement aux Etats-Unis, citant notamment une belle hausse des ventes au détail et une baisse des inscriptions au chômage.
L’économiste de CBC Banque se demande si les Etats-Unis ne risquent pas, à un moment, d’être confrontés à un choc de la demande, “cette dernière reculant sous l’effet de la hausse inconsidérée des prix d’un certain nombre de biens et de services, dont les Américains pourraient se détourner”.
“Nous n’en sommes pas encore là, mais un ralentissement de la demande pourrait venir bouleverser tout le modèle de croissance de l’économie US tel que nous le connaissons”.
Notons encore que le PIB chinois n’a pas vraiment surpris, avec une croissance de 5,2 pour cent au second trimestre, ce qui permet à Pékin de maintenir son objectif de 5 pour cent pour l’ensemble de l’année.
Du côté des devises et du pétrole, l’euro a clôturé la semaine à 1,165 dollar, tandis que le pétrole a perdu du terrain. En semaine, le cartel de l’Opep a confirmé ses prévisions de croissance de la demande malgré les incertitudes des droits de douane.