Samsung Electronics, victime de la guerre des semi-conducteurs

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Alors que l’inflation pèse sur ses marges depuis plusieurs trimestres, l’entreprise technologique sud-coréenne va souffrir davantage: l’industrie américaine des semi-conducteurs et ses clients internationaux devront demander à Washington son autorisation avant d’exporter vers la Chine des puces avancées et des équipements pour les fabriquer. Or la Chine est le plus grand marché de Samsung.

Pour l’industrie des semi-conducteurs, 2022 est à n’en point douter une moins bonne année que la précédente. La crise du pouvoir d’achat provoquée par la flambée des prix de l’énergie pèse de plus en plus sur les ventes de PC et, dans une moindre mesure, de smartphones. Résultat: la demande de puces mémoire est en berne. Et les nouvelles tensions géostratégiques entre les Etats-Unis et la Chine ne vont pas améliorer la situation.

Qui veut gagner la course à la suprématie mondiale doit notamment prouver sa supériorité technologique. Considérant Pékin comme une menace à cet égard, l’administration Biden entend limiter les exportations de puces électroniques avancées vers la Chine; en d’autres termes, retarder le développement technologique de cet empire. L’embargo affecte aussi les fabricants de semi-conducteurs taïwanais et sud-coréens. Y compris, donc, Samsung Electronics. Dont l’action n’était déjà pas le premier choix des investisseurs. L’activité semi-conducteurs de l’entreprise avait pourtant clos 2021 sur des taux de croissance prévisionnels de 36% et 22% respectivement pour les semi-conducteurs DRAM et NAND, dont elle assure plus d’un tiers de la production mondiale.

Au 1er trimestre de 2022, le chiffre d’affaires (CA) de Samsung avait atteint 77 milliards de wons (KRW), pile dans la fourchette prévisionnelle (76-78 milliards), et au 2e trimestre, 77,78 milliards KRW, conformément aux attentes. Soit un CA semestriel bien supérieur à celui de la même période en 2021. Au 3e trimestre en revanche, le CA ne s’est élevé qu’à 76 milliards KRW. Bien que ce chiffre soit supérieur de 2,7% à celui du même trimestre de 2021, il est inférieur au consensus (78,5 milliards KRW). Quant au bénéfice d’exploitation (Ebit), il est, à 10,8 milliards KRW, bien en dessous du consensus, mais également, pour la première fois depuis 2019, en net recul (-32%) en glissement annuel. L’incidence de l’inflation sur les marges a été encore plus importante au 3e trimestre qu’au 2e.

La résurgence de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine n’est vraiment pas un cadeau pour Samsung, dont la Chine est le plus grand marché (plus vaste que les Etats-Unis ou l’UE) puisqu’elle représente environ un cinquième de son CA.

Le marché a mal réagi au rapport du 3e trimestre et à l’embargo, qui accroît l’incertitude. Samsung s’échange pour l’heure à moins de 3 fois le ratio valeur de l’entreprise (EV)/cash-flow d’exploitation (Ebitda) prévu pour 2023, à seulement 1,1 fois sa valeur comptable et à 9,5 fois le bénéfice attendu en 2022. Il s’agit d’une valorisation très faible, même dans une perspective historique. Nous abaissons notre conseil à “conserver/attendre” et nous défaisons (temporairement?) du titre, dans le portefeuille modèle.

Conserver: conserver/attendre

Risque: faible

Rating: 2A

Cours: 967,8 dollars

Ticker: SMSN LI

Code ISIN: US7960508882

Marché: London Stock Exchange

Capit. boursière: 228,4 milliards USD

C/B 2021: 8,5

C/B attendu 2022: 9,5

Perf. cours sur 12 mois: -35%

Perf. cours depuis le 01/01: -42%

Rendement du dividende: 2,9%

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